Lutte anti-corruption : en finir avec le « blabla » des élus

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A partir de lundi, près de trois millions d’électeurs trouveront dans leur boîte postale un courrier inhabituel. La plateforme Rekonstrukce státu (« La Reconstruction de l’Etat ») diffusera sous la forme d’un journal récapitulatif les résultats de sa campagne « Blabla nevolím » (« Je ne voterai pas pour du blabla »). Elle entend par là faciliter le choix des électeurs et les inciter à voter de préférence pour les candidats qui s’engagent à faire voter les lois anti-corruption que proposent Rekonstrukce státu.

David Ondračka,  photo: Elena Horálková,  ČRo
« Après vingt-trois années de transformation démocratique en République tchèque, il est temps de changer les règles de notre société », affirme David Ondračka, directeur de la branche tchèque de Transparency International, organisation qui fait partie de l’initiative Rekonstrukce státu regroupant une vingtaine d’ONG tchèques. Cette plateforme veut lutter contre la corruption par la mise en place de dispositifs législatifs contraignants résumés en neuf projets de loi anti-corruption.

« Nous voulons vraiment mobiliser le public et obtenir le soutien pour nos lois anti-corruption, c’est cela notre objectif. » Pour ce faire, la plateforme s’est adressée à tous les candidats aux élections en leur proposant de certifier par une signature qu’ils soutiendront ces lois s’ils deviennent députés. Les résultats sont impressionnants :

« Nous avons obtenu plus de 1500 signatures de candidats au Parlement. Pour nous, c’est un succès parce que nous pensons que ces candidats deviendront probablement les députés. »

Précisément, tous les chefs des grands partis ainsi que 1 517 hommes et femmes politiques ont joué le jeu. En échange, ils pourront bénéficier d’une publicité additionnelle grâce à la dissémination de cette information à travers les réseaux de Rekonstrukce státu. L’impact n’est pas négligeable :

« Notre initiative est vraiment active à l’égard des médias et sur Internet, bien sûr sur Facebook. Mais surtout, nous voulons envoyer un journal dans plus de trois millions de boîtes postales, un journal dans lequel nous indiquons quel candidat a soutenu notre projet et s’est engagé à voter pour des lois anti-corruption. Notre objectif est que des gens accordent leur vote préférentiel. »

Un vote préférentiel est une procédure analogue à celle qui existe aux élections municipales en France pour les communes de moins de 1 000 habitants. Sur une liste électorale, les citoyens peuvent par exemple privilégier des candidats qui sont en bas de liste ou des candidats femmes. Lors des dernières élections législatives en 2010, ce système a par exemple permis d’écarter Ivan Langer, ancien député du Parti civique démocrate, devancé lors du vote par des personnalités pourtant placées à des positions inférieures sur sa liste électorale. Rekonstrukce státu entend bénéficier de ce nouveau phénomène.

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David Ondračka voit là une nouveauté de cette campagne. Celle-ci mettrait l’accent sur un engagement concret et personnel des candidats ce qui permettrait ensuite une meilleure surveillance. Elle responsabilise l’individu qui ne peut plus s’abriter seulement et simplement derrière la politique de son parti. Il se peut que la campagne « Blabla nevolím » ait déjà porté ses fruits. Signe d’un lobbying réussi, à deux semaines des élections législatives, les candidats adoptent de plus en plus fréquemment le discours véhiculé par la plate-forme Rekonstrukce státu, ce qui enchante clairement ses initiateurs qui se présentent comme des lobbyistes en faveur de l’intérêt public.