Lubomír Zaorálek à Strasbourg : « La Tchéquie n’a pas une mauvaise image en Europe »

Lubomír Zaorálek, photo: Filip Jandourek, ČRo

Il est nécessaire de lutter contre le terrorisme, mais aussi contre le racisme, la xénophobie et le populisme. Tel a été le message principal du discours prononcé ce mardi par le chef de la diplomatie tchèque, Lubomír Zaorálek, devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (PACE). Le ministre tchèque des Affaires étrangères, qui se rendait à Strasbourg pour la première fois en tant que président du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, y a présenté les priorités de la République tchèque pour les six mois de la présidence tournante de cette organisation regroupant 47 pays et chargée de veiller au respect des droits de l’Homme.

Lubomír Zaorálek,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
La protection des droits des personnes défavorisées et vulnérables, la question de l’égalité hommes-femmes, la question de l’Etat de droit et du respect de la démocratie, ou encore l’éducation du public dans le domaine des droits de l’Homme et l’apprentissage des langues : ce sont les principales priorités de la présidence tchèque du Conseil de l’Europe (cf. http://radio.cz/fr/rubrique/faits/la-democratie-et-la-justice-au-coeur-de-la-presidence-tcheque-du-conseil-de-leurope). A la tête du Comité des ministres depuis le 19 mai dernier, Lubomír Zaorálek a parlé de quelques-uns de ces thèmes, mais aussi des migrations et de la situation en Turquie, un des pays membres du Conseil de l’Europe, avec les parlementaires de cette organisation, à l’occasion de leur session trimestrielle. Après son intervention, le chef de la diplomatie tchèque a accordé un entretien à Radio Prague. Il est revenu sur les problématiques abordées dans son discours :

« La question turque est une des plus difficiles aussi parce que le responsable d’Amnesty International en Turquie, Taner Klic, est toujours en prison. Il s’agit là d’un exemple terrifiant. Nous pouvons craindre que cela continue et que d’autres responsables d’organisations indépendantes puissent être emprisonnés. Cela n’est pourtant qu’un exemple parmi les plus visibles, nous savons que de nombreux journalistes, et même des députés et le leader d’un parti politique y ont été également arrêtés. Ce qui est le plus dangereux, c’est le fait qu’Ankara dépasse toutes les limites. Cela peut aussi inspirer d’autres pays à suivre son exemple. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de consacrer une grande attention à ce problème et de faire des efforts pour parler avec la Turquie. »

Lors de son déplacement à Strasbourg, le ministre des Affaires étrangères a également rencontré le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, et le président de la PACE, Pedro Agramunt. D’après Lubomír Zaorálek, la Turquie était là aussi au cœur de ces rencontres :

Photo: Arbeitsbesuch Mazedonien,  CC BY 2.0
« C’est précisément le Conseil de l’Europe qui doit forcer ses membres à respecter les règles que nous n’avons pas mises en place par hasard, mais parce que nous savions qu’il était très dangereux de les violer. Pour un pays comme la République tchèque, situé au cœur de l’Europe et qui a chèrement payé le non-respect de ces règles par le passé, il est très important qu’on respecte les accords internationaux, ainsi que les frontières et les territoires des pays et les principes qui assurent par exemple l’indépendance des tribunaux. »

« Pour l’instant, il n’y a pas de volonté de discuter d’une éventuelle exclusion d’un membre du Conseil de l’Europe. Il ne s’agit là que d’une solution extrême. Néanmoins, on commence à se demander jusqu’où une telle affaire peut aller. Jusqu’où permettrons-nous aux pays membres de repousser les limites du possible sans discréditer la raison d’être du Conseil de l’Europe ? »

La République tchèque sera à la tête de l’organisation jusqu’au 15 novembre prochain. Une bonne opportunité pour redorer son blason après le refus tchèque des quotas de réfugiés. Même si Lubomír Zaorálek estime que la Tchéquie jouit toujours d’une image positive en Europe :

« La Tchéquie n’a pas une mauvaise image en Europe et il n’est pas bien de penser le contraire. Un pays est évalué aussi selon sa stabilité économique. L’économie tchèque se porte bien, ce qui stabilise également la politique. Tout cela est important pour l’image du pays. Les points pour lesquels nous sommes constamment critiqués ne peuvent pas changer l’image de la République tchèque. Il est vrai que nous avons des différends avec la Commission européenne et que nous sommes parfois opposés à certains projets. Mais ce qui est plus important pour moi, c’est le fait que nous voulons mener un dialogue avec les autres, expliquer notre position. Le sentiment que la République tchèque est l’enfant terrible de l’UE ne correspond pas à la réalité. »