L’orchestre Prague Philharmonia a rendu hommage à la flûte

'Le Gala impérial au château de Prague', photo: Morris Media

« Le Gala impérial au château de Prague » - tel était le sous-titre du concert donné lundi 26 novembre dans la Salle espagnole du château par l’orchestre PKF Prague Philharmonia avec au pupitre le chef d’orchestre français Emmanuel Villaume qui est actuellement le directeur musical de cette formation. Juste avant le début du concert, ce chef de renommée internationale a accordé à Václav Richter un entretien où il évoque sa collaboration avec le Prague Philharmonia, le concert de lundi et plus généralement le champ de ses activités. En voici un extrait :

'Le Gala impérial au château de Prague',  photo: Morris Media
Au programme du concert de ce soir, il y a Salieri, Cimarosa, Mozart et Brahms. Pourquoi ces auteurs ? Qu’est-ce qui a été décisif pour le choix de ce programme ?

« Alors, tout simplement, Emmanuel Pahud, qui est un ami et un flûtiste extraordinaire, s’est tellement bien entendu avec notre orchestre après l’ouverture de la saison de l’année dernière où il a joué pour nous un concerto de Mozart, qu’il a voulu jouer un double-concerto avec l’un de nos premiers flûtistes Oto Reiprich. Et son choix s’est porté sur une œuvre de Domenico Cimarosa. Nous voulions qu’il joue aussi un autre concerto de Mozart. Il y avait un lien qui était Vienne. Cimarosa travaillait à Vienne du temps de Mozart et aussi du temps de Salieri. Le lien dramaturgique, c’est évidemment Vienne, le rapport et la présence à Vienne de Cimarosa, Mozart et Salieri, présences concomitantes. Le rapport Salieri-Mozart est un rapport qu’on connaît avec parfois des rumeurs complètement infondés, et puis Brahms qui est évidemment le passage à la Deuxième école viennoise. »

Peut-on dire que ce concert est un hommage à la flûte ? Pouvez-vous présenter sommairement les solistes de ce concert ?

« Emmanuel Pahud est le flûtiste solo de l’Orchestre philharmonique de Berlin. Emmanuel est une légende, c’est le plus grand flûtiste de nos jours et peut-être de toujours. C’est un artiste exceptionnel dans la chaleur, la souplesse, l’intelligence de son jeu. C’est aussi un artiste qui collabore avec les musiciens autour de lui sans les écraser mais au contraire en les portant dans les hauteurs artistiques qui sont les siennes. Et comme je vous l’ai expliqué, il a voulu travailler avec notre orchestre dans un rapport encore plus étroit avec ce double-concerto. Donc c’est Oto Reiprich, qui est l’un de nos flûtistes solos, qui joue avec lui ce double-concerto de Cimarosa avec en bis la Danse des esprits de l’Orfeo de Gluck. Oto est un musicien tout à fait sensible, raffiné, et je crois que le mariage artistique avec Emmanuel se passe exceptionnellement bien. »

La musique française figure relativement souvent au programme du PKF. Avez-vous l’intention de développer et d’enrichir cette partie du répertoire de l’orchestre ?

« Oui et non. Je ne veux pas nécessairement être estampillé chef français qui dirige de la musique française. Il est important de s’ouvrir à des répertoires différents mais j’ai évidemment une affinité particulière avec les grands compositeurs français et les moins grands d’ailleurs. Donc c’est quelque chose qui viendra naturellement. Nous avons voulu faire ça pour la première saison. C’était une manière d’assurer nos arrières. Donc ça viendra mais pas plus que les répertoires germanique, slave, italien. Je pense qu’il ne faut pas attendre une disproportion flagrante en faveur de la musique française. Evidemment, j’aime bien choisir le répertoire français qui est un petit peu en dehors des sentiers battus. Donc pour cette saison, une des rares sinon la seule œuvre française, est le Double concerto pour pianos de Poulenc, qui est une œuvre truculente, grivoise, très drôle, avec Louis Lortie et Helène Mercier dans les parties solistes. »

(Nous vous présenterons l’intégrité de cet entretien le 28 octobre prochain.)