L’introduction de zones de basses émissions, fermées aux véhicules trop polluants, fait débat

Près de 5 millions de Tchèques, soit environ 48% de la population du pays, serait actuellement touchée par la pollution de l’air. Comme le constate le récent rapport de l’Institut hydrométéorologique tchèque, la situation s’est aggravée depuis 2009, année où seuls 18% des Tchèques vivaient dans des régions aux taux de polluants très élevés. Une nouvelle législation donne tout de même aux autorités municipales certains moyens pour améliorer la qualité de l’air.

Concrètement parlant, l’amendement à la loi sur la qualité de l’air, adopté la semaine dernière par la Chambre des députés, donne prochainement aux municipalités la possibilité d’interdire, dans des zones dites « de basses émissions », la circulation aux véhicules trop vieux et polluants, ne remplissant pas certaines limites d’émission de gaz carbonique.

Par ailleurs, lorsque la qualité de l’air sera trop mauvaise et la concentration de smog trop importante, comme cela s’est souvent produit ces derniers hivers notamment dans la région industrielle de Moravie du Nord, la circulation normalement assujettie à une taxe sur certaines portions des périphériques des villes sera rendue gratuite, précisément afin de réduire le trafic intra-muros. C’est surtout le cas d’Ostrava, une des villes les plus polluées en République tchèque. Mais là-bas, l’amendement à la loi sur la qualité de l’air suscite aussi quelques incertitudes. Nous écoutons l’adjoint au maire d’Ostrava, Dalibor Madej :

« En ce qui concerne l’introduction des zones ‘de basses émissions’, je suis un peu sceptique. Les experts pour les transports étudient cette éventualité, mais il n’est pas sûr que nous puissions la réaliser. Serait-il utile de fermer certains quartiers lorsque toute la ville étouffe sous le smog ? Et quelles parties de la ville devrait-on fermer ? Le centre-ville ou le quartier très peuplé de Poruba ? Voilà les questions auxquelles il nous faut trouver des réponses. »

En votant une seconde fois en faveur de ce texte, les députés ont passé outre le veto du président de la République, Václav Klaus. Ce dernier s’y était opposé en évaluant les mesures de régulation des transports et de la production des entreprises par les municipalités comme contradictoires et ouvrant la voie à la corruption. Pour la députée communiste Kateřina Konečná, elle-même originaire d’Ostrava, il s’agit d’une loi discriminatoire vis-à-vis des habitants de cette ville morave :

Kateřina Konečná
« Les habitants de la région d’Ostrava, où les tronçons du périphérique seront gratuits durant les périodes de smog, sont ainsi défavorisés par rapport aux habitants de Prague ou Brno, qui bénéficient de périphériques gratuits pendant toute l’année. Pour quelle raison ? »

En dépit des voix critiques, le ministre de l’Environnement Tomáš Chalupa, quant à lui, soutient cette nouvelle législation, initiée par les députés de Moravie du Nord. Celle-ci prévoit également des taxes plus élevées pour des entreprises polluantes : une mesure qui, selon certains, pourrait avoir comme effet non souhaité la hausse des prix de l’électricité et du gaz, et par conséquent, l’augmentation du nombre d’utilisateurs de combustibles tels que le charbon de mauvaise qualité et le bois. C’est justement le chauffage aux combustibles non recommandés qui serait responsable de la dégradation de la qualité de l’air, enregistrée ces deux dernières années non seulement dans les régions industrielles d’Ostrava et d’Ústí nad Labem, mais aussi à Prague, en Bohême centrale et dans toute la Moravie.