Léviathan coccyx ou la décadence d’un petit chef

Le studio Saint-Germain est la scène expérimentale du Rock Café à Prague, spécialisé dans les mises en scène, en tchèque, de pièces de théâtre françaises. Elle propose justement un nouvel opus dans son répertoire. Lundi s’est déroulée la première de Léviathan coccyx, pièce du dramaturge d’origine suisse Jean-Daniel Magnin dont on peut rappeler qu’il a été co-scénariste du film La vie rêvée des anges. Avant la première il a décrypté pour nous le titre de sa pièce.

Jean-Daniel Magnin
« C’est d’abord le nom du personnage principal. Il faut savoir que c’est un ancien dictateur qui a perdu le pouvoir et qui est entouré de ses femmes, si on peut dire. Léviathan, c’est le monstre biblique, c’est la baleine, c’est aussi un énorme corps social selon le philosophe Hobbes, c’est le géant. Et coccyx, c’est le petit os au bout de la queue de notre moelle épinière, c’est donc son petit côté minable, lâche, pas grand du tout. Parce que sa particularité c’est d’être comme un coq avec ses femmes, avec ses poules. »

Cette pièce, vous la situez dans un pays imaginaire qui n’est pas très loin d’ici, en Europe centrale ou du Sud. Vous vous inspirez de dictateurs connus que vous mélangez pour ce personnage de Léviathan...

« Voilà... Je ne suis pas Jarry, je n’ai pas eu le talent et le génie d’inventer les dictateurs du XXe siècle avant qu’ils n’apparaissent comme il l’a fait avec Ubu. Là, c’est un condensé un peu farcesque dans un personnage qui pourrait être tout à fait un père de famille, un directeur de bureau, le chef d’une secte puisque ça prolifie aussi bien ici que de l’autre côté de l’Europe. Il se trouve que c’est un dictateur qui a été élu, dont le modèle pourrait être Milosevic, Ceaucescu ou Karadzic. Mais ce n’est pas un portrait, c’est une libre interprétation, bien sûr. »

Retrouvez Jean-Daniel Magnin ainsi que Jaromír Janeček, le fondateur du Studio Saint-Germain, dimanche, dans Culture sans frontières.