Les victimes de violences domestiques se cachent aussi dans les « bonnes familles »

L'association Bily kruh bezpeci (Cercle blanc de sécurité), qui fête ses 15 ans d'existence, vient de présenter les derniers résultats d'une étude sur les violences domestiques en République tchèque. C'est la deuxime enquête du genre après celle que l'association d'aide aux victimes avait réalisée en 2001.

Il y a un mieux, c'est indéniable, mais uniquement dans les représentations collectives des violences domestiques, c'est ce qui ressort de l'étude réalisée à la demande de l'association du Cercle blanc par l'agence STEM. La société tchèque est en grande partie favorable à une intervention directe de l'Etat et des services sociaux dans les foyers concernés, explique Petra Vitousova, la présidente de l'association. Un bémol, et non des moindres, l'étude montre toutefois que le pourcentage ne change pas : 16% de la population de plus de 15 ans est confronté à ce phénomène, de près ou de loin. En outre, la RT se distingue par un phénomène peu réjouissant, dans le contexte européen, comme l'explique Petra Vitousova :

« Malheureusement, l'étude a confirmé une fois encore la présence importante d'enfants. Dans les familles tchèques où des violences sont commises dans le couple vivent plus de 80% de petits enfants. Et dans 60% des cas, ces violences ne sont pas cachées, c'est-à-dire qu'ils sont quotidiennement confrontés à des violences commises par l'une des deux personnes du couple avec lesquelle ils ont un rapport d'affection puisqu'il s'agit d'un des parents. »

La majeure partie des victimes restent des femmes, même si les violences contre les hommes ou contre des personnes âgées sont également un phénomène existant. Si la société n'est plus prête à tolérer que des personnes subissent des mauvais traitements, violences psychologiques et/ou physiques, sans réaction, pour Petra Vitousova, les mythes sur les violences domestiques ont néanmoins la vie dure, présentant les victimes comme des femmes faibles et soumises, et essentiellement issues de milieux défavorisés :

« Le mythe de la victime est entretenu par le fait que dans les familles issues de milieux favorisés et éduqués, la violence est cachée. Tandis que dans les familles dans lesquelles on imagine que la violence est chose courante, celle-ci est plus bruyante, on va la retrouver dans la rue, sur le palier, et on fait plus souvent appel à la police. Dans les familles plus aisées, on cache la violence aux enfants, afin que ceux-ci ne le révèlent pas par mégarde à l'école. Un manager haut placé dans une entreprise fera tout pour le dissimuler, et on retrouve des cas de violence chez les policiers ou les juges également. »

Le 1er janvier 2007 doit entrer en vigueur une nouvelle loi pour lutter contre les violences domestiques. Inspirée du modèle autrichien notamment, elle permet d'expulser la personne violente du foyer pour une durée de 10 jours. Une période qui permet la prise en charge psychologique et juridique de la victime. Petra Vitousova, qui a participé à sa préparation et sa rédaction, se félicite de l'adoption de la loi par les députés en mars de cette année :

« En faisant passer cette loi, la RT rejoint la liste des états progressistes en la matière, qui favorisent une réaction active et combinée : il ne s'agit plus de condamner et d'attendre que quelque chose de grave se passe, de réagir après coup, mais de favoriser la prévention, c'est-à-dire déceler et reconnaître à temps les violences domestiques, et mettre la priorité sur la protection de la personne en danger. »