Les verts reproches bruxellois de Jacques Chirac provoquent l'ire de la classe politique et de l'opinion publique tchèques

Jacques Chirac et Gerhard Schröder (Photo: CTK)

La déclaration du Président français Jacques Chirac à l'issue du sommet de Bruxelles a provoqué de vives réactions en République tchèque. Le Président français a sévèrement reproché aux pays candidats à l'Union européenne d'avoir adopté une position pro-américaine dans le cadre de la crise irakienne.

Jacques Chirac et Gerhard Schröder  (Photo: CTK)
Jacques Chirac fait l'unanimité contre lui en République tchèque. Au terme du sommet extraordinaire de Bruxelles qui a permis à l'Europe d'adopter une position commune par rapport à l'Irak, le chef de l'Etat français a fustigé le choix des dix pays de l'Europe ex-communiste du « groupe de Vilnius » d'avoir manifesté leur soutien à la politique de Washington, ainsi que celui des pays qui ont signé la « lettre des huit », dont fait partie la République tchèque. C'est le Président Vaclav Havel qui avait alors, début février, apposé sa signature en bas du document. Le président Chirac a notamment affirmé que tous les pays candidats avaient « perdu une bonne occasion de se taire ». « Ils ont été pas très bien élevés et inconscients des dangers que comportait un trop rapide alignement sur la position américaine », a-t-il encore ajouté.

Ce sont précisément ces propos qui ont soulevé un tollé général à Prague. Comme un seul homme, la presse tchèque, quelque soit son bord, tire à boulets rouges sur Jacques Chirac, mais aussi, plus généralement, sur la politique extérieure menée par la France. Sous les titres « La Tchéquie rejette la raclée verbale de la France » et « Pourquoi Chirac s'en prend aux alliés des Etats-Unis », Lidové noviny, par exemple, rappelle que selon la tradition instaurée par le général de Gaulle, les visées de la France sont de suivre sa propre voix en matière de politique extérieure. Une tradition politique à laquelle s'identifie un Jacques Chirac qui ne manque pas d'y ajouter son ambition personnelle, ajoute le quotidien. Toute l'ambiguïté des relations franco-irakiennes est également mentionnée, notamment en ce qui concerne la lucrative vente d'armes, mais aussi l'amitié et l'admiration réciproques qui unissaient Jacques Chirac, alors Premier ministre, et Saddam Hussein dans les années 1970.

Vladimir Spidla et Cyril Svoboda  (Photo: CTK)
Les hommes politiques tchèques eux, de leur côté, se sont montrés plus prudents et mesurés dans leurs réactions. Selon le Premier ministre, Vladimir Spidla, la déclaration du Président français a été faite « en réaction à une situation bien précise ». Ses mots n'étaient certes « ni pesés, ni justes », mais ils ne remettent pas en cause, selon lui, les bons rapports entre la France et la Tchéquie. Pour Cyril Svoboda, enfin, le chef de la diplomatie, les propos du président Chirac peuvent même être perçus comme une impulsion positive pour les citoyens tchèques à voter en faveur de l'entrée de leur pays dans l'Union européenne à l'occasion du référendum, en juin.