Les théâtres d’Ostrava restent exotiques pour les Pragois

Photo: CTK

La quatrième édition du festival des théâtres d’Ostrava, « Ostrava à Prague », se déroule en ce moment dans la capitale tchèque et permet au public de découvrir les meilleures pièces qui triomphent sur les scènes de la métropole silésienne. Au micro de Radio Prague, Jiří Nekvasil, directeur du festival mais également du Théâtre national de Moravie-Silésie, présente ce projet de partage culturel.

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La création du festival « Ostrava v Praze » répondait à une volonté de mise en valeur de la tradition culturelle de cette ville située à l’extrême est du pays, bien loin de la capitale tchèque. Heureusement pour le public pragois, l’organisation de ce festival est vite devenue tradition et l’événement s’est développé au delà de l’objectif initial, Jiří Nekvasil précise :

« Le projet lancé en 2010 dans le cadre de la candidature de la ville d’Ostrava à la capitale européenne de la culture en 2015 est à l’origine de ce festival. Même si c’est la ville de Plzeň qui a finalement été choisie, nous avons décidé de maintenir le festival qui a pour but de faire découvrir la production des théâtres d’Ostrava au public pragois car les troupes d’Ostrava ainsi que leurs pièces sont traditionnellement de très haute qualité. »

Jiří Nekvasil,  photo: Tamara Černá,  NDM
Les quatre théâtres de la ville d’Ostrava participent régulièrement au festival « Ostrava v Praze » et établissement eux-mêmes la programmation. Généralement, sont présentées les nouveautés de la saison. C’est par exemple le cas de la pièce « Smrtihlav » (Der schwarze Schwan titre de l’œuvre originale) écrit en 1964 par Martin Walser, auteur allemand.

Ce drame psychologique, qui se déroule dans l’Allemagne des années 1960, pose la question de la réconciliation avec le passé au sein de deux familles qui voudraient effacer leur implication active au régime nazi. Le poids de cet engagement pèse cependant bien lourd pour ces familles à travers le vécu de leurs enfants. L’acteur principal de cette pièce, que beaucoup de critiques considèrent être un chef d’œuvre, Igor Orozovič, qui est désormais un acteur reconnu sur la scène du Théâtre national de Moravie-Silésie, s’est d’ailleurs vu par la suite proposer un contrat au Théâtre national à Prague. Interrogé sur une possible fuite des talents, Jiří Nekvasil nuance :

'Smrtihlav',  photo: Site officiel du festival Ostrava v Praze
« Je trouve qu’il s’agit là d’une circulation normale des acteurs, même si je regrette le départ d’un tel talent comme Igor Orozovič. Il a acquiert son expérience ici à Ostrava et en tant que directeur du théâtre, j’aurais été content de pouvoir le garder. Mais en même temps, son engagement à Prague montre que l’on choisit des bons acteurs pour les ensembles d’Ostrava et qu’on leur propose des rôles qui leur permettent de grandir. Ainsi, ces acteurs jeunes mais matures reçoivent des offres leur permettant de poursuivre leur carrière. De ce point de vue, le départ d’Igor Orozovič confirme la qualité de la production théâtrale à Ostrava. »

Parmi les autres pièces proposées cette année se trouvaient « Les Joueurs » (1836) de Nicolas Gogol présentée par le Divadlo Aréna, « Une maisonnette en pain d’épices » du metteur en scène tchèque Václav Renč et une comédie de l’auteur irlandais Billy Roche « Mets-moi au tapis avec douceur » (« Lay Me Down Softly » en anglais). La dernière pièce qui sera jouée à Prague le 30 octobre est une mise en scène du roman « Eugène Onéguine » d’Alexandre Pouchkine qui fait partie intégrante du répertoire du Divadlo Petra Bezruče depuis six ans.

'Eugène Onéguine',  photo: Site officiel du festival Ostrava v Praze
Pour des raisons économiques et techniques, chaque première pragoise a également été une dernière. Ainsi, Jiří Nekvasil invite les spectateurs à se rendre à Ostrava pour découvrir un peu plus sa scène théâtrale très riche. En même temps, l’absence d’offres spéciales qui permettraient de réduire les frais de voyage peut freiner les ardeurs des plus motivés. Il faut compter environ trente euros l’aller-retour et y ajouter le prix du spectacle, sept heures de train et un retour nocturne à Prague. Pour le moment, difficile donc d’espérer une hausse astronomique de la participation des Pragois aux excellentes pièces jouées à Ostrava. Ainsi le festival « Ostrava à Prague » reste une occasion sans égale de découvrir la production des quatre théâtres de la métropole silésienne.