Les Tchèques europhiles ? Plutôt euroréalistes...

Photo: CTK

Sourires, plaisanteries, champagne et feu d'artifice... Le week-end dernier, après la publication des premiers résultats du référendum, le cabinet tchèque a pu, enfin, souffler et faire la fête. Côté opposition, la joie était plutôt modérée. Pareil pour les médias tchèques : ils se félicitent du Oui, mais gardent la tête froide.

Mirek Topolanek et Vladimir Spidla,  photo: CTK
Si le chef du cabinet, Vladimir Spidla, sourit rarement, le week-end dernier, il rayonnait de joie. "C'est un résultat historique... Je suis fier d'être le Premier ministre des citoyens tellement engagés...", a-t-il dit. Par contre le large sourire qu'affichait chef de la diplomatie, Cyril Svoboda, guère en mauvaise humeur, n'a pas surpris. Ce dernier a organisé, samedi après-midi, une fête au ministère des Affaires étrangères, pour tous ceux qui ont participé au processus d'adhésion. Dimanche, les chefs des partis parlementaires se sont retrouvés en direct sur le plateau de la Télévision tchèque, pour répondre, entre autres, à des questions d'ordre pratique, à savoir quand est-ce que les Tchèques verront augmenter leurs salaires et combien payera-t-on, après l'adhésion, chez le coiffeur...

Une critique du cabinet est venue du Parti civique démocrate, ODS, en opposition. Ses électeurs, plutôt eurosceptiques ces dernières années, ont été pourtant les plus nombreux à dire Oui à l'Europe. C'est grâce à nous que le Oui l'a emporté, affiche le Président de l'ODS, Mirek Topolanek, qui se dit euroréaliste. "Derrière le Oui des partisans de l'ODS se cachent de nombreuses conditions", signale le journaliste Pavel Masa du quotidien Lidove noviny. Le mandat européen du cabinet tchèque n'est pas si fort que ça, estime-t-il. Et il n'est pas le seul à ne pas sauter de joie après la victoire du Oui. Plus de 3 millions d'électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. C'est un chiffre écrasant !, s'inquiète le journal Hospodarske noviny. "Le roi électeur a choisi les avantages qu'offre l'UE : surtout l'occasion de faire notre pays riche et agréable à vivre", écrit Martin Komarek dans Mlada fronta Dnes, et ajoute que l'Europe ne nous garantit pas la réalisation de ce veux. Nous devons être suffisamment intelligents et actifs pour l'accomplir, nous-mêmes.

Evidemment, après le référendum, le peuple a tendu l'oreille vers le président de la République, eurosceptique notoire. Mais en vain... Au Château de Prague, ce fut un silence mystérieux... Ce n'est qu'un jour après la publication des résultats que Vaclav Klaus a réagi, en direct, à la Radio tchèque, à l'événement. "Le succès ne m'a guère surpris... Je m'attendais à une participation plus élevée... Le futur nous montrera, si nous avons bien voté... C'est une victoire de tous, aucune personne, aucun parti politique ne peut se l'approprier", voici quelques-uns de ses propos. Faisant bien note de son long silence, certains experts étrangers prévoient que la République tchèque sera un noyau europessimiste au sein de l'UE.

Auteur: Magdalena Segertová
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