Les Tchèques consultent plus souvent les psychiatres

Avec le retour de la démocratie en Tchéquie, après la chute du communisme, en 1989, des problèmes nouveaux sont apparus. Certains Tchèques y font difficilement face et s'en remettent, de plus en plus, aux psychiatres.

Les chiffres sont éloquents : alors qu'en 1995, les cabinets des psychiatres recevaient la visite de 282 000 personnes, en 2002, le nombre des personnes qui ont eu recours aux conseils d'un psychiatre est passé à 400 000. La raison de ce phénomène ? D'un côté, le changement du style de vie et de l'autre, le fait que les Tchèques n'ont plus peur de se rendre chez un psychiatre. Il y a quelques années encore, avoir des problèmes psychiques, voire même, au pire des cas, être hospitalisé, était très mal vu par l'ensemble de la société. Encore faut-il mentionner que ce sont surtout les Tchèques des grandes villes qui se sont émancipés le plus, dans ce domaine. Dans les petites villes, à la campagne, on a encore peur d'aller consulter un « psy ».

Alors que le nombre de Tchèques, qui souffrent de dépressions nerveuses, de diverses phobies ou d'état de panique soudaine, augmente, le nombre des maladies psychiques classiques, comme la schizophrénie par exemple, est en diminution. Une autre catégorie de malades est apparue : les personnes qui se retrouvent dans le cercle vicieux de la drogue. En général, ces personnes ne souffrent pas d'autres problèmes psychiques. Ce ne sont pas les consommateurs classiques de stupéfiants, mais plutôt des personnes qui ont recours à la drogue pour surmonter les difficultés qu'elles rencontrent dans la vie. Il ne s'agit pas forcément de drogues dures. Cela peut commencer par l'alcool, continuer par le cannabis, et la personne qui ne possède pas une forte résistance psychique se retrouve rapidement dans l'engrenage qui, dans le meilleur des cas, la conduira chez un psychiatre. Selon les statistiques, la consommation des somnifères et des calmants de toutes sortes a fortement augmenté, ces dernières années. Le manque de sommeil est aussi un signal d'alerte qui, s'il n'est pas traité rapidement, conduira à la dépression, voire à de graves problèmes de santé.

Les psychiatres sont confrontés à un autre type d'affection psychique : la dépression du chômage. Elle touche surtout les chômeurs à long terme. Ceux-ci ont peur de chercher du travail, car ils craignent l'échec. Ils réduisent donc leurs dépenses pour survivre avec le minimum que leur fournit l'allocation chômage. Cela conduit à l'insatisfaction, la dépression et autres maux. Dagmar Seifertova, médecin chef du Centre psychiatrique de Prague, est persuadée que l'augmentation du nombre de personnes qui vont consulter un psychiatre est un phénomène positif : les Tchèques sont, aujourd'hui, beaucoup plus et mieux informés sur les problèmes et maladies psychiques, ils n'ont plus peur de se rendre chez un spécialiste. Ils peuvent donc suivre un traitement adéquat au lieu de se renfermer sur eux-mêmes, avec tous les risques que cela présente, le suicide par exemple.