Les Tchèques aux Etats-Unis sans visa probablement dès l’automne

Michael Chertoff, Mirek Topolánek, Ivan Langer, photo: CTK

Le ministre tchèque de l’Intérieur, Ivan Langer, et son homologue américain, Michael Chertoff, ont signé, mardi, à Washington, une lettre d’intention visant à la suppression du régime de visa pour les ressortissants tchèques désirant se rendre aux Etats-Unis. Une signature que le Premier ministre Mirek Topolánek, reçu, ce mercredi, à la Maison blanche par George Bush, a comparée au démantèlement du Rideau de fer après la chute du Mur de Berlin en 1989.

Michael Chertoff,  Mirek Topolánek,  Ivan Langer,  photo: CTK
« Le rêve de plusieurs générations de Tchèques qui se réalise ». C’est en ces termes que Mirek Topolánek a commenté la signature du document (Memorandum of Understanding) de huit pages dans lequel sont spécifiées les différentes étapes qui, d’ici à octobre ou novembre prochain, doivent mener à la suppression de l’obligation de visa pour les Tchèques voyageant aux Etats-Unis.

Cet accord précise que les deux parties doivent encore convenir de certaines mesures portant sur la manière dont les informations sur les voyageurs tchèques seront transmises aux autorités américaines afin de s’assurer qu’aucun terroriste ne figure parmi eux. Il n’en demeure pas moins que si ces mesures étaient remplies, la République tchèque pourrait être le premier pays d’une longue liste d’attente auquel les Etats-Unis permettraient à ses ressortissants d’entrer sur leur territoire sans visa.

Dans un proche avenir, les Tchèques ne devraient donc plus avoir besoin que d’un passeport électronique pour voyager outre-atlantique. Ce nouveau passeport contenant certaines informations biométriques comme les empreintes digitales et une image du visage numérisée devrait être réclamé par les Etats-Unis à tous les citoyens des quatorze pays de l’Union européenne déjà exemptés de visa, et ce afin de lutter contre le terrorisme et l’immigration clandestine. Par ailleurs, les Tchèques seront également soumis à l’« autorisation électronique de voyage » (ETA), système mis en place par le ministère américain de la Sécurité intérieure et qui recueille certaines données d’ordre personnel. Cette autorisation, qui demande notamment aux voyageurs de fournir des informations détaillées sur leur séjour aux Etats-Unis, s’obtiendra en remplissant un formulaire en ligne. De leur côté, les autorités tchèques s’engagent à transmettre des informations biographiques et biométriques sur leurs passagers.

La signature de cette lettre d’intention, accord bilatéral, a toutefois été accueillie avec une certaine réserve par l’Union européenne, un régime de visa étant encore appliqué à douze autres pays membres dans la même situation, donc, que la République tchèque actuellement. Bruxelles redoute notamment la quantité d’informations que la République tchèque fournira aux Etats-Unis sur les passagers et que le document ne cadre pas avec ses exigences. Certains Etats européens considèrent la démarche tchèque comme prématurée et regrettent que Prague n’ait pas agi en collaboration avec eux. Des reproches rejetés par le ministre de l’Intérieur, Ivan Langer :

Michael Chertoff,  Mirek Topolánek,  Ivan Langer,  photo: CTK
« Le texte de la lettre d’intention est un document sans engagement juridique. C’est une déclaration politique forte sur ce que nous voulons encore faire et, en aucun cas, il ne s’agit d’une politique qui devrait signifier un quelconque manquement à nos obligations vis-à-vis des autres pays membres de l’UE. Néanmoins, nous pouvons dire que nous prenons notre destin entre nos mains, que nous suivons notre propre chemin, mais parallèlement grâce à l’intensité de nos négociations, nous ouvrons un espace pour que les autres pays parviennent également à leurs fins. »

Même si le quotidien pragois Lidové noviny titrait en première page, mardi, « Une eurodispute à cause des visas », cette réserve des fonctionnaires européens n’a pas gâché l’enthousiasme non feint manifesté par le Premier ministre tchèque lors de la signature. « Nous avons réalisé un travail de pionniers pour tous les pays de l’UE et je pense que la Commission européenne le sait bien », a déclaré Mirek Topolánek comme pour clore le débat.