Les syndicats veulent négocier des hausses de salaires en 2017

Le congès de la Confédération tchéco-morave des syndicats (ČMKOS), photo: Jiří Turek & Jana Jabůrková / Facebook de ČMKOS

La plus grande centrale syndicale de République, la Confédération tchéco-morave des syndicats (ČMKOS), organisait ce mercredi à Prague son congrès de rentrée avec l’idée de mettre « fin au travail bon marché ». Deux thèmes ont particulièrement été mis en avant : la hausse du salaire minimum et les négociations d’augmentations de salaires dans les entreprises de 5% à 5,5% pour l’an prochain. Des revendications qui ne font pas totalement bondir le patronat à l’heure où l’économie tchèque se porte plutôt bien.

Josef Středula au congès de la Confédération tchéco-morave des syndicats  (ČMKOS),  photo: Jiří Turek & Jana Jabůrková / Facebook de ČMKOS
Josef Středula, le président de la Confédération tchéco-morave des syndicats, organisation qui compte plus de 300 000 membres et rassemble les syndicats de 29 branches professionnelles, a livré ce mercredi un show à l’américaine. Equipé d’un micro-casque et évoluant avec aisance sur la scène de l’Arena Sparta devant un public d’un bon millier de personnes, le syndicaliste a fait la promotion de la campagne de son mouvement pour en finir avec le travail mal rémunéré :

« De notre point de vue, ce slogan « la fin du travail bon marché » est très important pour notre économie, pour sa capacité d’innovation, pour que les entreprises puissent faire des profits non pas sur les bas salaires, mais sur un haut niveau d’innovation. Aujourd’hui, avec ces bas salaires et la faiblesse du cours de la couronne, c’est quelque chose qu’elles peuvent se permettre. Pour notre part, nous soutenons la capacité d’innovation de l’économie tchèque et sa modernisation […]. Et il est rare que la situation soit aussi idéale : un faible niveau de chômage, un bon rythme de l’économie et des carnets de commandes bien remplis. »

Le congès de la Confédération tchéco-morave des syndicats  (ČMKOS),  photo: Jiří Turek & Jana Jabůrková / Facebook de ČMKOS
Aujourd’hui, le salaire moyen en Tchéquie est à environ 27 300 couronnes, soit quelque 1 010 euros. C’est deux fois inférieur à la moyenne des pays de l’Union européenne. Pour Josef Středula et son organisation, la hausse des salaires doit permettre à terme de rattraper le niveau des pays d’Europe occidentale.

Cela passe d’après eux d’abord par une revalorisation du salaire minimum, actuellement le cinquième plus faible parmi les Vingt-Huit. Le syndicat demande une hausse à 11 500 couronnes, près de 430 euros, contre 9900 couronnes actuellement, à peine le niveau du seuil de pauvreté. Malgré les critiques de l’opposition et les réticences des organisations patronales, le gouvernement, en adéquation avec son accord de coalition, devrait valider dans les semaines à venir une augmentation à 11 000 couronnes. La ministre du Travail et des Affaires sociales, la sociale-démocrate Michaela Marksová, a commenté :

Michaela Marksová,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« De façon générale, nous nous dirigeons vers une situation où, à la fin de notre mandat électoral, le salaire minimum sera à un niveau de 40% du salaire moyen. »

L’autre levier utilisé par Josef Středula est de demander aux syndicats de la ČMKOS de négocier des hausses de salaires allant de 5 à 5,5% dans les entreprises pour l’année prochaine.

Du côté du patronat, les réactions sont diverses sur ce point mais on ne ferme la porte aux discussions. Ainsi, Vladimír Dlouhý, le président de la Chambre économique, a admis que les entreprises avaient sans doute suffisamment de marges pour satisfaire certaines de ces demandes tout en regrettant que les syndicats fassent pression sur les entrepreneurs à travers des meetings de ce type. A la tête de l'Association de l'industrie et des transports, Jaroslav Hanák est pour sa part plus réservé :

Jaroslav Hanák,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Bien sûr, nous comprenons les syndicats. C’est leur droit. La hausse des salaires est leur cheval de bataille. Mais dire aux entreprises depuis Prague qu’elles doivent de façon globale augmenter les salaires de 5% à 5,5%, je pense que c’est quelque chose d’irréaliste et d’irresponsable. Chaque entreprise, chaque branche d’activités est différente et les salaires se décident au sein des sociétés, entre la direction et les employés. De plus, il faut réaliser que les directions d’entreprise ne sont pas seulement responsables des salaires. Elles ont aussi la responsabilité de la compétitivité de l’entreprise, c’est-à-dire des nouvelles technologies, de l’innovation, également de leurs biens qu’il faut entretenir, et aussi surtout de la formation des employés. »

A noter que parallèlement à leur meeting, les syndicats ont perdu mercredi une bataille. A la Chambre basse du Parlement, les députés, poussés par l’opposition de droite et le mouvement ANO, la deuxième formation de la coalition gouvernementale, ont rejeté l’amendement élaboré par les communistes pour supprimer les trois jours de carence, ce délai pendant lequel un employé en congé maladie n’est pas indemnisé.