« Les racines tchèques en Suisse » : un film sur l’émigration tchèque chez les Helvètes après 1968

Tom Kubák a Veronika Hollerová ze štábu při natáčení a krajanka Eva Šípková (vpravo), zdroj: Mezinárodní český klub

La Bibliothèque municipale de Prague a projeté ce lundi un documentaire intitulé « Les racines tchèques en Suisse ». Ce film fait partie d’un projet, initié en 2009, qui retrace le parcours de Tchèques à l’étranger ayant fui le pays après l’écrasement du Printemps de Prague en 1968. Après le succès de « racines tchèques en Suède » diffusé par la télévision tchèque, vient le tour de la Suisse. Alimudin Usmani était présent lors de cette projection.

Les racines tchèques en Suisse
Le film a été tourné à Bâle, à Lucerne et dans la région de Zürich. Le film retrace le parcours de huit familles ou individus. Il s’attarde également sur un camp de scouts tchèques dans les Alpes. Les enfants qui ont vécu l’émigration à travers l’histoire de leurs parents et grands-parents s’expriment en tchèque. Le documentaire s’oriente donc principalement sur le parcours de vie de ces personnes et sur les possibilités offertes par la démocratie suisse. Parmi les professions représentées par les personnes filmées figurent une chimiste de renom, une propriétaire de galerie, un sculpteur, un restaurateur ou une écrivaine à succès.

Environ 15 000 tchécoslovaques avaient trouvé refuge en Suisse après 1968. Contrairement aux vagues migratoires récentes celle-ci a été bien accueillie par les Suisses. Tout d’abord ces réfugiés étaient européens et ils fuyaient une dictature communiste ce qui suscitait la sympathie du peuple suisse. La Chargé d’affaire de l’ambassade de Suisse à Prague, Dominique Petter, était présente lors de la projection du film. Elle nous a raconté ses souvenirs de l’écrasement du Printemps de Prague et parlé de l’accueil réservé aux réfugiés :

« Je me rappelle exactement, j’avais huit ans. Nous en parlions à l’école et à la maison. Ma mère m’a annoncé une invasion russe à Prague. Je ne savais pas où c’était, mais c’était effrayant car cela rappellait les images de la 2ème Guerre mondiale. Nous savions que les réfugiés avaient vécu quelque chose de grave, l’accueil a été favorisé par la dimension émotionnelle de l’événement. Les tchécoslovaques se sont intégrés facilement, notamment dans le monde du travail. Ils étaient bien formés et pouvaient commencer à travailler en tant qu’ingénieurs dans les usines, médecins dans les hôpitaux ou en tant que chimistes et chercheurs dans l’industrie chimique à Bâle. »

Les racines tchèques en Suisse
Dominique Petter ajoute qu’elle a découvert dans le film un nouvel univers et a été impressionnée par le fait que les personnes s’expriment dans un tchèque parfait, quarante ans après l’émigration. Elle nuance toutefois son appréciation du film par une critique, elle a été frappée par le regard presque touristique que les caméras avaient sur la vie en Suisse :

« On ne montrait que les choses qui sont vraiment belles et la Suisse quotidienne m’a manquée, le monde du travail était quasiment absent. La réalité n’est pas aussi idyllique que dans le film. Celui-ci était très beau mais était porteur de trop de clichés. »

Le documentaire devrait être diffusé prochainement par la télévision tchèque et intéressera tout particulièrement les personnes qui ont vécu une situation similaire à la suite des événements de 1968.