Les peintures « indiennes » de Roman Kameš exposées à Karlovy Vary

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Indigo, safran, mousson. Tel est le titre poétique de l’exposition des œuvres de Roman Kameš, installée à la Galerie d’art de Karlovy Vary jusqu’au 8 avril. Artiste tchèque installé en France depuis les années 1970, ces peintures de Roman Kameš sont le résultat d’un changement radical de sa création à la suite d’un voyage en Inde du Nord. Il nous raconte cette transformation.

« Au début, quand je suis arrivé à Paris, j’étais très influencé par la peinture minimaliste, par l’art conceptuel. A la fin, je suis arrivé à un monochrome un peu grisâtre. Un ami qui allait faire des photos en Inde du Nord, notamment au Ladakh, me parlait toujours de cette région. Je ne voyais pas trop de quoi il parlait. De toute façon, j’avais été un peu partout : depuis 1973, j’ai beaucoup voyagé en stop, j’ai vu tous les musées d’Europe. Mais je me suis dit : pourquoi ne pas aller en Inde ? J’y suis allé et c’était merveilleux. »

Quelle technique utilisez-vous pour ces tableaux ?

« J’utilise plusieurs techniques même si je suis resté fidèle à la tempera. J’utilise un papier qui vient de l’Himalaya oriental. Mais j’utilise aussi le ‘markalak’, une alluvion de l’Hindus, une sorte d’argile que j’utilise comme fond. J’enduis le papier et les toiles de ‘markalak’. A part cela, je fais également des tableaux à l’huile, mais moins souvent. »

Vous avez lancé des ateliers de peinture au Ladakh…

« C’est une activité merveilleuse. Je faisais beaucoup de treks. Avec un ami de Grenoble, nous avons fait tous les cols au Ladakh. Quelques fois, en m’arrêtant, je faisais de petites aquarelles, malgré la fatigue, parce que nous faisons tous ces treks à pied, sans ânes, sans chevaux. Des enfants de certains villages étaient complètement fascinés par la peinture. Un jour, j’ai rapporté des peintures, du papier. Tout cela coûte assez cher, c’est pour cela que les enfants ne peuvent pas s’en procurer. J’ai commencé à faire des ateliers dans des écoles publiques ou monastiques, notamment chez des bouddhistes mais aussi chez des musulmans chiites, chez des Indiens shivaïtes. »

Ces ateliers sont organisés depuis quand ?

« Depuis 1996. Le 15 avril, je pars justement dans l’Himachal Pradesh. Je vais travailler avec des réfugiés tibétains. Je vais rester seulement trois semaines. J’ai un autre projet dans un pays lointain mais pas confirmé. De toutes les façons je retourne au Ladakh en juillet. »

Finalement, vous partagez votre vie entre la France, la République tchèque et l’Inde…

« Oui, surtout entre mon atelier à Alfortville et mon atelier au Ladakh chez les lamas konchog. En République tchèque, j’imprime des livres de bibliophilie. »

Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans la rubrique Culture sans frontières.