Les minorités ethniques au Parlement tchèque

Les récentes élections législatives ont confirmé que la République tchèque était devenue un Etat national dans lequel les citoyens élisent un Parlement national unifié. Sur les bancs de la nouvelle Chambre des députés ne prendra en effet place qu'un seul représentant des nombreuses minorités ethniques présentes en Tchéquie. Un constat qui a attiré l'attention de Guillaume Narguet.

Le temps passe et les temps changent. Après la naissance de la Tchécoslovaquie, en 1918, et avant que l'armée du IIIème Reich n'entre à Prague, en 1939, les minorités ethniques vivantes sur le territoire de la nouvelle République furent toujours représentées, au sein des quatre parlements multiculturels qui se succédèrent, par un minimum de 25% de députés. Il faut dire qu'à l'époque, Tchèques et Slovaques (près de 10 millions en 1930) ne constituaient que les 2/3 de la population d'un pays qui comprenait notamment plus de trois millions d'Allemands et 700 000 Magyars. Ainsi, en 1925, sur les 300 sièges de la Chambre des députés, si 204 étaient occupés par les Tchèques et les Slovaques, 73 l'étaient également par les Allemands, 13 par les Hongrois, 8 par les Ruthènes et 2 par les Polonais. Cette année, à l'issue d'élections législatives qui pourraient peut-être ouvrir une nouvelle ère politique en Tchéquie, seul un Polonais a été élu, en Silésie, dans une région frontalière à la Slovaquie et la Pologne, où la moitié de la population se déclare de nationalité polonaise. Mais même dans ce cas de figure, le député ne cache pas qu'il conçoit son rôle d'abord comme celui d'un défenseur des idées de son parti, qui se rendra au Parlement en tant que citoyen tchèque. Tout un symbole à l'entame de ce nouveau siècle.

C'est que l'Histoire, et avec elle ses péripéties, aura fait son 'uvre au XXème siècle. Le transfert des populations allemandes au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l'immigration progressive vietnamienne sous le socialisme, ou encore la partition de la Fédération tchécoslovaque en 1993, font qu'aujourd'hui, les minorités ethniques, bien que relativement nombreuses, se montrent plutôt discrètes et ne participent plus guère au débat politique. A cet état de fait, plusieurs raisons, comme par exemple le manque d'intérêt de la part des Slovaques, le manque d'unité dans les rangs de la communauté rom, l'enracinement pas encore assez profond des Vietnamiens ou le sentiment de mal-amour pour les Allemands. Et puis enfin, une campagne électorale qui aura malencontreusement privilégié et mis en avant les intérêts nationaux tchèques, alors qu'il eût sans doute été plus heureux d'évoquer les intérêts de l'Etat.