Les importations frauduleuses de gazole de nouveau sur le tapis

Il y a plus de dix ans de cela, certains petits malins avaient trouvé une combine en or pour se faire des millions. Laquelle ? Tout simplement, faire passer du gazole pour du fioul domestique dans les déclarations en douane. La police revient, maintenant, sur cette affaire.

Comment gagner gros et sans grands risques ? Un groupe de spéculateurs tchèques avait trouvé la combine, il y a plus de dix années de cela. C'était simple : il suffisait de déclarer en douane du gazole en le faisant passer pour du fioul. Le bénéfice ? Enorme, car la TVA sur le fioul était de 5 %, alors que pour le gazole, elle était de 22 %. En plus de cela, le gazole était sujet à l'impôt à la consommation. Naturellement, une telle magouille n'était possible qu'avec la complicité des douaniers, de la police des frontières et autres. En effet, selon les services de police, il s'agirait d'une fraude fiscale d'un montant de 60 milliards de couronnes, donc dans les 2 milliards d'euros ! Pour arriver à ce chiffre, il aurait fallu que les spéculateurs aient réussi à faire passer en fraude 120 000 citernes contenant du gazole, mais déclaré en tant que fioul...

Dans les années quatre-vingt-dix, certains membres du groupe de fraudeurs ont été arrêtés, certains ont été condamnés à des peines de prison. Pourtant, plus de dix ans après les méfaits, le ministre de l'Intérieur, Frantisek Bublan, a décidé de rouvrir et continuer l'enquête. En effet, il semble qu'un grand nombre de policiers ait été impliqué dans l'affaire. Etant donné que des fraudes d'une telle envergure ne sont prescriptibles qu'au bout de douze ans, il serait encore possible de poursuivre les coupables. Si des poursuites judiciaires étaient entamées contre des suspects, la justice aurait, de nouveau, douze années pour prouver leur culpabilité. La volonté de punir une telle fraude, dont les pertes ont été endossées par l'Etat, existe. Le procureur, chargé de l'affaire et dont le nom n'a pas été révélé, reste pourtant sceptique. Selon lui, pour mener une enquête d'une telle envergure, sous la pression des délais de prescription et présentant de grandes difficultés, la police et le Procureur de la République ne disposent pas du nombre de personnes qualifiées nécessaire. Les médias n'ont pas voulu rester à l'écart. Par exemple, la Télévision tchèque vient de diffuser des reportages dans lesquels des témoins affirment que les fraudeurs étaient liés à des personnalités politiques très haut placées, au niveau ministériel notamment. La police prend aussi en compte les informations des médias. L'enquête continue, mais à pas fourrés. Aboutira-t-elle à la condamnation de tous les coupables de ce qu'on pourrait même appeler la fraude du siècle en Tchéquie ? Qui sait... L'enquête pourrait être longue et compliquée et ces crimes arrivent, peu à peu, à la fin de leur délai de prescription. La volonté déclarée du ministre de l'Intérieur de faire le ménage dans ses services sera-t-elle une volonté réalisée ? Affaire à suivre.