Les Francais de Prague : regards sur l'élargissement.

La communauté française de Prague a l'occasion de vivre aux côtés des Tchèques leur entrée au sein de l'Union Européenne. De quelle façon les expatriés français vont vivre les célébrations? Que pensent-ils de l'élargissement? Dorothée, étudiante à Prague, et Geoffrey ont donné leurs avis à Anne-Charlotte Gourraud.

"Je suis extrêmement favorable au processus d'élargissement. Pour moi, qui ne suis absolument pas économiste, qui n'ai absolument aucune formation économique, c'est d'abord un grand pas culturel. Mais il est évident que ce sera surtout un grand avantage économique pour les pays entrants. Ils vont, bien sûr, accuser le coup au départ comme bien des pays, on se rappelle de l'Irlande, de l'Espagne, du Portugal. Forcément, ça va être difficile, mais c'est un challenge."

Pensez-vous que le principe de l'identité européenne soit finalement un concept pertinent?

"En fait, je pense, comme vous l'avez très bien dit, que c'est un concept, c'est-à-dire quelque chose qui a été créé de toute pièces, comme de toutes façons toutes les identités nationales sont construites, sont créées. L'inconvénient est qu'il est créé mais qu'il n'est absolument pas relayé, les gens n'ont aucun sentiment européen, c'est évident. Même les premiers pays à entrer à l'Union européenne, les pays fondateurs de l'Union, n'ont pas de conscience européenne. On le sait très bien, il ne faut nous prendre pour des ignares, on sait très bien que ce sont avant tout des échanges économiques. Malheureusement, aujourd'hui la duperie politique nous fait passer l'élargissement pour une grande opportunité culturelle."

Donc finalement, ce week-end, vous allez vous sentir plus observatrice qu'européenne?

"Oui, je vais me sentir très observatrice, je pense. Je trouve fascinant de voir avec quelle rapidité, il y a eu ce changement. Je trouve cela très encourageant, pour moi c'est l'espoir."

"C'est vrai que pour moi qui suis Français, l'adhésion représente objectivement un moment historique fort pour l'Europe qui se réunifie après 50 ans de cloisonnement artificiel. Ce sera une bonne chose en termes politiques, certainement, parce que cela a un fort effet symbolique, mais c'est vrai qu'il faudra réfléchir aux conséquences sur le fonctionnement de l'Union européenne qui risque d'être un peu engorgée. Cela n'ira pas sans une réforme du système politique et institutionnel européen. (...) Au lieu de mettre des barrières sur le marché de travail, il faudrait plutôt donner des signes encourageants aux travailleurs tchèques et slovaques qui constituent une main d'oeuvre qualifiée et europhile."

Auteur: Anne-Charlotte Gourraud
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