Les droits de l’homme en Asie au cœur d’une conférence de Prague

Václav Havel et le dalaï-lama, photo: CTK

« La paix, la démocratie et les droits de l’homme en Asie » : c’est l’intitulé d’une conférence internationale qui s’est déroulée ces jeudi et vendredi à Prague et à laquelle ont participé quelques invités de marque.

Rabyia Kadir,  photo: CTK
Défendre la liberté d’opinion, de conscience et de religion, protéger les droits culturels des minorités religieuses et ethniques sur le continent asiatique. Voilà les thèmes qui se trouvaient au cœur de la conférence organisée par la fondation Forum 2000, dont l’ex-président tchèque, Václav Havel, est un des co-fondateurs.

Très remarquée a été la présence de Rabyia Kadir, personnage emblématique de l’opposition ouïgour en exil, ainsi que celle du dalaï-lama qui s’est arrêté à Prague après un séjour en Slovaquie, effectué dans le cadre d’un périple à travers l’Europe centrale.

Václav Havel et le dalaï-lama,  photo: CTK
Pour le chef spirituel tibétain, c’est déjà son énième séjour à Prague, le premier ayant eu lieu en 1990, au lendemain de la chute du régime communiste, tandis que le dernier en date s’est déroulé il y a un an à peine. Et, tradition oblige, une rencontre avec Václav Havel, « son ami de longue date », a également eu lieu à cette occasion.

« La République tchèque a réussi un coup extraordinaire, en recevant au même moment deux principaux ennemis du gouvernement chinois », écrit dans un commentaire le journal Hospodářské noviny. La présence du dalaï-lama et de Rabyia Kadir semble en effet inquiéter les autorités chinoises qui ont protesté par la bouche du porte-parole de l’Ambassade chinoise à Prague. Et la diplomatie tchèque d’insister par la suite sur le caractère privé de ces visites, « qui ne veulent nullement traduire un quelconque soutien à des tendances séparatistes en Chine ».

Les Etats européens font-ils parfois preuve d’hypocrisie à l’égard du respect des droits de l’homme dans les pays comme la Chine ? Ecoutons la réponse à cette question légitime d’un autre participant à la conférence, Robert Ménard, ancien secrétaire général des Reporters sans frontières.

« Ces Etats sont surtout liés par des intérêts économiques. Qu’est-ce qu’on faisait comme affaires avec l’ex-URSS ? Aucune. Est-ce qu’on se foutait de la situation économique de l’ex-Tchécoslovaquie ? Totalement. Vous pourriez être troublés par ce qui se passait en Tchécoslovaquie, mais il n’y avait pas une entreprise française ou américaine qui y faisait des affaires. Aujourd’hui, la donne a complètement changé. Le régime le plus dur, le plus difficile, c’est la Chine qui est la troisième puissance économique dans le monde. Ca change tout dans nos rapports. Aujourd’hui, vous pouvez vous retrouver dans une situation schizophrénique. D’un côté, il y a le discours pour les droits de l’homme, pour le pluralisme, pour la liberté etc., et de l’autre côté, vous avez exactement les mêmes personnes, les mêmes représentants politiques qui tiennent ces discours à la tribune de toutes les instances internationales et qui font exactement le contraire. Moi, j’ai été sidéré par ce qui s’est passé au moment des Jeux olympiques. J’ai discuté trois ou quatre fois en privé avec le chef d’Etat français, Nicolas Sarkozy. Il m’a dit : vous avez ma parole d’honneur que je ne ferai pas comme mes prédécesseurs. Jamais je ne le ferai. Trois mois après, il fait le contraire. Et certainement de bonne foi. Ensuite il a rencontré ses amis, entrepreneurs français et diplomates, qui lui disent, cela ne va pas bien, on fait des affaires et que… On est là, dans cette situation et c’est pour cela que le débat est tellement intéressant aujourd’hui. Ca rend une partie du discours inopérable ».

Publier et diffuser les informations sur le respect des droits de l’homme et envoyer des missions dans des régions problématiques. Tel sera l’objectif d’une commission d’observateurs dont la création a été initiée pendant la conférence internationale qui a pris fin, ce vendredi, à Prague.