Les commentaires tchèques sur l'avenir européen de la Turquie

La Commission européenne recommande d'ouvrir les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE. Favorable, dans son ensemble, à l'entrée d'Ankara dans l'Europe, la presse tchèque ne ferme pourtant pas les yeux devant les risques de cette aventure.

Aucune surprise pour le quotidien économique Hospodarske noviny. La porte de l'Union est entrouverte à la Turquie depuis fin 1999, lorsqu'elle a été officiellement désignée "pays candidat à l'adhésion", rappelle le journal. Il est d'ailleurs persuadé que les dirigeants de l'UE donneront, à la mi-décembre, leur feu vert aux pourparlers. Dans son dossier, le journal dresse le portrait de la Turquie d'aujourd'hui : d'un côté le miracle économique, de l'autre la pauvreté des régions agricoles, au taux d'analphabétisme élevé.

Les deux quotidiens les plus lus dans le pays, Mlada fronta Dnes et Lidove noviny, sont quasi unanimes : les préjugés des Européens entravent le processus d'adhésion de cet Etat à cheval entre le Vieux continent et l'Asie. "La candidature de la Turquie, dirigée par le leader d'un parti islamiste modéré, devrait rappeler aux Européens que l'Islam et le terrorisme sont deux choses bien distinctes. /.../ La démocratie, et non pas la religion est importante", écrit Michal Mocek dans Mlada fronta Dnes. Mais il se demande : "La Turquie est-elle un pays démocratique ou bien la démocratie est-elle ici une simple façade ?" Pour l'eurodéputée et ancienne ambassadrice tchèque au Koweït, Jana Hybaskova, interrogée pas la presse, la question ne se pose presque plus. "Ces trois dernières années, la Turquie a fait d'énormes progrès en matière des droits de l'homme", affirme-t-elle, forte de son expérience de diplomate. Mais pour convaincre la large communauté européenne, la Turquie devra encore déployer de nombreux efforts, constatent les commentateurs, en évoquant des termes comme "rééducation" et "européisation".

Source: Commission européenne
Si le journal Pravo parle d'une "décision historique", prise par l'UE, Adam Cerny de Hospodarske noviny formule ce qu'elle implique : "La communauté des 25 devra désormais définir ce qu'elle veut être et voir comment cette image correspondrait à l'appartenance de la Turquie à l'Union." Petr Fischer, commentateur de la BBC, voit deux possibilités. Une union libre d'Etats européens et axée sur le partenariat économique entre ses membres, qui accueillerait, sans sourciller, la Turquie en son sein. Ou alors, une UE fondée sur des liens étroits et traditionnels, un échantillon de l'Europe, où Ankara aurait plus de mal à trouver sa place...

Auteur: Magdalena Segertová
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