Les blessures de l'ex-Yougoslavie sur les tableaux de Marie-Claire Feltin

Le peintre Marie-Claire Feltin, 66 ans, est originaire de Dijon. Au milieu des années 60, elle a suivi son mari, militaire, à Berlin, où elle habite toujours. En dehors de sa création artistique, elle dirigeait une école, s'occupait de ses enfants, voyageait... Depuis cette semaine, Marie-Claire Feltin expose ses oeuvres, consacrées au corps humain, à la Galerie des frères Capek à Prague. Et ces peintures et objets nous en disent long sur le sort de son pays de rêve, l'ex-Yougoslavie, et sur ses habitants...

"J'ai toujours fait des dessins de nus, des portraits... J'aime bien transposer mes idées sur le corps dans la peinture. Je travaille avec de la toile, je fais des collages et des techniques mixtes sur papier. Ici, j'expose aussi des espèces de figurines qui sont modelées avec du tissu. Qu'est-ce que ça symbolise ? Le déclencheur a été la guerre en Yougoslavie, en Bosnie... Ce que les femmes avaient vécu, c'était très difficile. Je connais la Yougoslavie depuis plus de vingt ans. J'étais très malheureuse que ce pays que j'aimais beaucoup était déchiré de cette façon. Ce qui m'a beaucoup apporté, c'était la rencontre avec le poète croate A. T. Ujevic. Il a écrit de la poésie sur les thèmes qui m'intéressent, sur le corps, la fraternité, le cosmopolitisme. J'aime la région de Dubrovnik. Là-bas, j'ai passé, pendant vingt ans, des vacances extraordinaires, j'y ai beaucoup dessiné, surtout sur une île isolée, entourée de mer, avec très peu de gens et beaucoup de traces historiques, de ruines. La relation de cette antiquité avec les événements actuels, c'était assez prenant, déchirant pour moi."

Auteur: Magdalena Segertová
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