L’élection présidentielle au suffrage direct, prochain enjeu

Photo: CTK

Retour sur la journée de vendredi, avec les réactions à chaud, aux portes de la Salle espagnole au Château de Prague où se déroulait le scrutin.

Mirek Topolánek et Václav Klaus,  photo: CTK
Erik Tabery, commentateur et observateur de la vie politique tchèque pour l’hebdomadaire Respekt, a rappelé que la réélection de Václav Klaus n’était pas une surprise, même si sa victoire n’a pas été écrasante puisqu’il a fallu deux tours et bien des tergiversations :

« Selon moi, il n’y aura pas de grands changements pour le pays, à l’avenir. Il s’agit d’un président qui aime bien parler de ses thèmes fétiches, c’est un homme politique qui apprécie mettre en avant ceux-ci plutôt qu’un homme politique qui intervient dans la politique intérieure, ce qui est important, mais c’est dû notamment aux pouvoirs du président. Du coup, il essaye d’intervenir dans des thèmes de politique extérieure comme l’UE ou le réchauffement climatique. »

Jan Švejnar,  photo: CTK
En attendant, cette élection présidentielle aura suscité plus d’une bisbille au sein de la coalition gouvernementale composée de ministres du Parti civique démocrate (ODS) soutenant Václav Klaus, de chrétiens-démocrates partagés et surtout des Verts soutenant ouvertement Jan Švejnar. Au point que des rumeurs ont un moment même évoqué la possibilité d’une réelle scission. RP a demandé à Jiří Žák, sénateur ODS de Bruntál, si des risques similaires existaient :

« Non, je ne pense pas. L’élection du président de la République est quelque chose à part de ce qui se passe dans la coalition. Il y a eu beaucoup d’émotion, mais à mon avis ça ne changera rien du tout. »

Kateřina Jacques, députée Vert, est du même avis, même si elle reconnaît que les relations ont pris un coup :

« C’est difficile à prévoir, mais nous disons depuis le début que l’élection ne peut avoir de conséquences sur le travail de la coalition, que ce sont deux choses distinctes. Mais il est vrai que les relations entre les personnes ont été mises à mal. Il va falloir évaluer la situation de manière rationnelle et déterminer si on va pouvoir fonctionner dans la coalition comme auparavant. Je crois fermement que oui, en tout cas, la volonté est là de notre côté. »

Photo: CTK
Une chose est sûre, jamais auparavant la question de l’élection du président au suffrage direct n’aura été autant évoquée. Les accusations de corruption, les blocages répétés et autres disparitions de députés se faisant soudainement porter pâle semblent au moins avoir crée, au-delà des dissensions, un consensus d’un bout à l’autre du spectre politique. Bohuslav Sobotka, député social-démocrate :

« Cela fait longtemps que la social-démocratie soutient l’idée du suffrage direct. Il est temps de vite revenir au projet de loi que nous avons déposé au Parlement. Et nous serons satisfaits si, outre le parti social-démocrate, les autres partis décident de le soutenir. »

Même du côté de l’ODS, il semble que la question du suffrage direct ne fasse pas débat. Jiří Žák :

« C’est un sujet actuel depuis longtemps. Mais ce n’est pas seulement une question de changer le système de vote, il faut changer la Constitution, la position du président dans le système. Le débat est pertinent, il doit se faire, mais je n’ai aucune idée de son issue. »

Une inconnue évidemment due aux changements constitutionnels nécessaires, ce qui promet encore des débats houleux entre les deux grands partis, l’ODS et la social-démocratie, qui ont chacun leur vision de la présidentielle.