Le Traité de Lisbonne entre en vigueur

C’est ce mardi, 1er décembre, qu’entre en vigueur le Traité de Lisbonne qui réforme les mécanismes de l’Union européenne. Le document, préparé pendant six ans, apporte des changements dans de nombreux domaines. Il diminue par exemple le nombre de décisions qui doivent être â prise à l’unanimité par les pays membres et élargit les compétences du Parlement européen.

Václav Klaus,  photo: CTK
Comme on le sait, la Tchéquie a été le dernier pays à ratifier ce document car le président Václav Klaus, figure de proue des eurosceptiques tchèques, s’y est opposé avec beaucoup d’énergie. Il y a finalement apposé sa signature après le verdict de la Cour constitutionnelle, qui a jugé que le Traité était compatible avec la législation tchèque. Cela n’a cependant pas empêché Václav Klaus de déclarer qu’avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la République tchèque cessait d’être un Etat souverain:

«Ce changement, aujourd’hui et à l’avenir, légitime les efforts de ceux qui dans notre société ne sont pas indifférents à la question de l’existence de notre Etat-nation et ne veulent pas se satisfaire de ce résultat.»

Le président aurait même envisagé, pendant un temps, de démissionner pour se départir complètement de ce document indésirable. Il a conditionné sa signature par une dérogation au Traité pour empêcher d’éventuelles réparations que pourraient demander les Allemands des Sudètes. Cette dérogation, qui n’entrera en vigueur qu’avec l’éventuelle adhésion de la Croatie à l’Union européenne, fait aujourd’hui l’objet d’un débat de politologues et de juristes. Les critiques de la dérogation estiment qu’elle est complètement inutile car son contenu est déjà ancré dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union. Quant aux syndicats, ils affirment que la dérogation prive les citoyens tchèques de certains droits sociaux.

L’euroscepticisme de Václav Klaus et son rejet du Traité de Lisbonne ne sont cependant partagés ni par la majorité des citoyens tchèques, ni par le cabinet du Premier ministre Jan Fischer, ni par l’ancien président Václav Havel. Ce dernier se déclare convaincu que la souveraineté tchèque et la souveraineté européenne peuvent et doivent se compléter:

«Ce n’est pas parce que je me sens Européen que je cesse d’être Tchèque. Au contraire, en tant que Tchèque, je suis aussi un Européen. Et l’Europe est la patrie de toutes nos patries.»

Selon l’ambassadeur slovaque auprès de l’Union européenne, Ivan Korčok, il est bien que les Vingt-sept puissent désormais travailler sur des problèmes concrets:

«Le citoyen attend de l’Union beaucoup de choses tangibles, ce que nous avons vu, par exemple, lors de la création de l’espace Schengen et de l’union monétaire. Les citoyens comprennent bien tout cela. Mais pour faire face aux nouveaux défis, nous avons besoin de calme dans le domaine institutionnel, et c’est ce que nous donne justement le Traité de Lisbonne.»

Quoi qu’il en soit, le Traité de Lisbonne est aujourd’hui une réalité, et ce sont les mois et les années à venir qui mettront à l’épreuve son apport à l’efficacité des institutions européennes.