Le tournage du film sur Jan Palach débutera en mars

Jan Palach

La réalisatrice polonaise Agnieszka Holland commencera, à partir du mois de mars, le tournage des épisodes du film télévisé consacré aux conséquences du geste de Jan Palach qui s’était immolé par le feu en janvier 1969 pour protester contre l’occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie. Ce film en trois épisodes intitulé « L’arbuste enflammé » est co-produit par HBO.

Jan Palach
Alors que la vie de Jan Palach fait l’objet d’un musée virtuel animé par les étudiants de la faculté de lettres de l’Université Charles, qu’un projet de second musée devrait voir le jour dans la maison qui l’a vu naître, ce jeune étudiant en histoire qui, par son geste tragique, a exprimé la forme de protestation la plus extrême contre l’occupation du pays par les troupes du Pacte de Varsovie et contre la normalisation qui l’a accompagnée, est la principale source d’inspiration d’une trilogie que la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland s’apprête à tourner à partir du mois de mars pour la production américaine HBO. Contre toute attente, le film ne portera toutefois pas sur la vie de Jan Palach dont la figure héroïque devrait rester dans l’ombre. Si l’immolation par le feu de Palach signe le début de ce récit en trois épisodes, le film devrait présenter les conséquences judiciaires de l’acte de l’étudiant et la naissance de nouveaux héros dont l’avocate et future ministre de la Justice d’après novembre 1989, Dagmar Burešová, dont le rôle sera interprété par la jeune actrice slovaque Táňa Pauhofová. Le scénariste Štěpán Hulík expliquait lors d’une conférence de presse qui s’est tenue mardi au cinéma Atlas, les raisons qui l’ont poussé à travailler sur cette histoire :

Štěpán Hulík
« Il est difficile de dire quelles ont été les premières motivations qui m’ont poussé à écrire l’histoire. Ce qui est sûr, c’est que la fascination pour cet acte a joué un rôle important. D’un côté il m’impressionne et de l’autre il m’effraye. C’est la tension entre ces deux impressions qui m’a intéressé ; et comprendre, aussi, l’horreur de ce qu’une personne peut être amenée à faire afin d’atteindre un objectif… Cette tension était pour moi terriblement intéressante. J’ai essayé de découvrir ce qui se cachait derrière cet acte et de comprendre dans quelles mesures s’engager dans les choses qui nous entourent… »

Le choix de confier le scénario à Agnieszka Holland, célèbre réalisatrice plusieurs fois nominée aux Oscars, s’explique notamment en raison de son vécu. En effet, lorsqu’elle était âgée de vingt ans, la cinéaste polonaise se trouvait dans la capitale tchécoslovaque lors de ce que l’on appelle le ‘Printemps de Prague’. A l’époque, Agnieszka Holland étudiait le cinéma à la fameuse école de cinéma la FAMU. Engagée politiquement au sein du mouvement estudiantin, elle a fait l’expérience du système pénitentiaire du communisme lors de ses années d’études :

« J’ai passé plusieurs semaines en prison à Prague, à Ruzyně, qui était vraiment une prison stalinienne. J’ai ensuite été condamnée à un an et demi de prison avec sursis. Cette expérience a été dure mais en même temps très intéressante »

Comme elle le rappelle, l’expérience personnelle de l’histoire joue un rôle central dans son travail :

« D’une certaine façon, tout ce que je fais, même si cela touche le XIXe siècle ou la Deuxième Guerre mondiale, est influencé par mon expérience personnelle. La quantité de la connaissance sur la nature humaine, les mécanismes de l’histoire, les mécanismes politiques ou sociaux, etc. est liée à mon expérience personnelle. Ce qui ne veut pas dire que chacun de mes films doit raconter l’histoire que j’ai moi-même vécue ».

Quand elle a reçu du jeune scénariste tchèque Štěpán Hulík le scénario du film, Agnieszka Holland rappelle que c’était comme un « signe du destin venu frapper à ma porte et m’apporter du passé ce qui était important. »

Le tournage du film en trois parties débutera au mois de mars prochain et les épisodes seront portés au petit écran en 2013.