Le Sénat vote la suppression des frais médicaux

Photo: Kristýna Maková

Ce mercredi, le Sénat a approuvé la suppression de tous les frais médicaux, mis à part les frais liés aux urgences médicales. Les sénateurs se sont ainsi prononcés dans le même sens que la Chambre des députés au mois de septembre dernier. L’amendement législatif doit encore être contresigné par le chef de l’Etat.

Photo: Kristýna Maková
Les Sénateurs ont décidé de supprimer les frais dits « de régulation » versés depuis six ans par les patients tchèques lors d’une consultation chez le médecin ou lors de la prescription d’une ordonnance. Le montant des frais de consultation pour les soins médicaux et dentaires, ainsi que celui des frais pour les médicaments prescrits par ordonnance s’élevent à 30 couronnes (soit un peu plus d’un euro), tandis que les frais par jour d’hospitalisation sont de 60 couronnes (2,2 euros). Ces frais constituent une participation financière des patients aux soins de santé, mais à partir de l’année prochaine, seuls seront maintenus les frais de 90 couronnes (3,3 euros) concernant les soins d’urgence dispensés dans un service de premier secours ou à l’hôpital. Le vice-président du groupe parlementaire du parti civique démocrate ODS au Sénat, Miloš Vystrčil, était lui opposé à cette suppression :

« Cela ne veut pas dire que le traitement médical va devenir moins cher, ou que nous allons arrêter de le payer. Une autre méthode de paiement sera mise en place, et tous les contribuables seront sollicités. »

Le gouvernement souhaite toutefois compenser la perte de ces revenus aux cabinets de consultation médicale, par un décret de remboursement. Le ministre de la Santé, Svatopluk Němeček, a précisé quelle serait la démarche réalisée auprès des pharmacies :

Svatopluk Němeček,  photo: ČT24
« Auprès des pharmacies, la compensation se fera à hauteur de 40%, ce qui correspond au montant réel prélevé par les pharmacies. »

Ces frais médicaux très critiqués avaient été mis en place en 2008 par l’ancien gouvernement de droite conduit par Mirek Topolánek, afin de réguler les visites médicales de patients et d’éviter des abus de la part des patients voulant consultant pour des maladies dites « bénignes».

Certains sénateurs qui étaient dès le début opposés à la mise en place des frais médicaux, dont le sénateur social-démocrate Jan Žaloudík, ont fait savoir ce mercredi que l’instauration de ces frais n’avait eu aucun effet sur la fréquence des visites médicales, et qu’au contraire, les patients auraient déboursé inutilement près de 6 milliards de couronnes au total, soit près de 218 millions d’euros. A ce propos, Jan Žaloudík a indiqué :

Jan Žaloudík,  photo: OISV,  CC BY-SA 4.0 International
« Je ne crois pas que la plupart des patients abusent des soins médicaux. Les médecins s’en rendraient compte par eux-mêmes et les assurances médicales seraient sensibles à d’éventuelles anomalies. Mais le peu de personnes susceptibles d’abuser des soins médicaux, ne doivent pas faire payer l’écrasante majorité. Mais je crois surtout que lorsqu’on évoque toutes ces sommes liées aux soins médicaux, le montant de 30 couronnes ne résolvait absolument rien. »

Toutefois, l’opposition de droite met en garde depuis un certain temps contre le fait que la suppression des frais médicaux pourrait avoir pour conséquence des défaillances financières au sein des salles de soin et des pharmacies pour un montant de 3,27 milliards de couronnes, soit environ 119 millions d’euros. Le député et ancien ministre de la Santé, Leoš Heger (TOP 09) estime à ce sujet :

Leoš Heger,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Je crois que cette suppression est une faute, et ce justement au moment où la Chambre des députés est en train de discuter du projet de budget de l’Etat, lequel ne fait pas baisser le montant du budget national, malgré la conjoncture économique. De plus, la compensation que l’Etat doit verser du fait de cette suppression des frais porte préjudice au budget de l’Etat. »

Ce mercredi, les sénateurs ont notamment approuvé la mise en place d’une prime de naissance pour un deuxième enfant, d’un montant de 10 000 couronnes, soit environ 360 euros. Ils ont également élargi le cercle des familles pouvant toucher la prime de naissance, à savoir les familles dont le revenu mensuel net ne dépasse pas les 20 817 couronnes (soit environ 757 euros).

La réunion sénatoriale marque notamment la fin du mandat de 27 sénateurs, qui quittent leur poste après les élections sénatoriales. Le Sénat dans sa nouvelle composition se réunira pour la première fois le 19 novembre prochain.