Le regard des jeunes Tchèques sur la parité des hommes et des femmes

Photo: Commission européenne

Quel est le regard de la jeune génération, celle qui est née après 1989 et qui n’a pas vécu sous le communisme, sur la parité des hommes et des femmes sur le marché du travail ? A-t-elle fait l’expérience de la discrimination ? Quelles sont ses priorités, ses ambitions en matière de carrière et de vie familiale ? Un projet de l’ONG Gender Studies qui s’est attachée à trouver des réponses. Certaines brisent quelques stéréotypes traditionnels.

Engager un dialogue avec les jeunes sur l’harmonisation de la vie personnelle et professionnelle, sur la parité des hommes et des femmes sur le marché du travail où le risque de discrimination est le plus élevé, sur la flexicurité – un concept de l’UE unissant flexibilité et sécurité, et sur la hiérarchie des valeurs : Tel a été l’objectif d’un projet mené au cours des trois premiers mois de l’année par Gender Studies, une ONG qui existe depuis 1991 à Prague et qui s’intéresse à la situation des femmes et des hommes dans la société.

Le projet est unique en son genre car c’est le tout premier axé sur les jeunes : plus de 1500 étudiants d’écoles secondaires et supérieures entre 15 et 29 ans y ont pris part. Qu’est-ce qu’il en résulte ? Nina Bosničová, manager de Gender Studies, s’arrête d’abord sur la discrimination : le projet a démontré qu’une part très élevée de jeunes en ont fait l’expérience, à un niveau général :

Photo: Commission européenne
« La discrimination existe en République tchèque selon 89% des jeunes gens. S’agissant de la discrimination sur le marché du travail – 57% des femmes pensent qu’elle se manifeste le plus au travail. L’existence de la discrimination fondée sur le sexe est indiquée par 48 % des femmes et 36% des hommes. Le projet a démontré que les femmes ont une conscience plus profonde de la discrimination. »

Un fait intéressant que le projet a révélé : parmi les raisons de la discrimination, 75% des personnes interrogées ont cité la race et l’ethnie, devant la discrimination en raison du sexe, d’un état de santé aggravé et de l’âge. L’étude s’est ensuite intéressée aux idéaux et aux valeurs des jeunes en rapport avec la famille et le travail, continue Nina Bosničová :

« Il en ressort que la jeune génération actuelle ne place pas l’argent au premier plan : elle veut être indépendante, avoir des moyens lui permettant de couvrir ses besoins, donc un revenu correct, mais elle désire, en même temps, avoir un emploi qui lui donne satisfaction, qui soit enrichissant et apporte de nouvelles connaissances. »

Le projet a aussi démontré l’intérêt des jeunes pour les horaires plus flexibles, pour la liberté et l’autonomie : des traits caractéristique de la génération dite Y qui, en République tchèque, sous-entend les enfants nés après 89, détaille Nina Bosničová :

Photo: Commission européenne
« On voit grandir en RT une génération qui recherche une meilleure qualité de vie et qui donne la priorité à la conciliation travail-intérêt personnel, qui ne veut pas tout sacrifier à la carrière : pour 40% des jeunes, en effet, la vie personnelle et la vie professionnelle ont la même importance. »

L’une des surprises que le projet a réservées, c’est que les hommes tchèques préfèrent toujours le modèle traditionnel de la famille : l’homme gagnant de l’argent tandis que la femme reste à la maison avec les enfants. Or, en même temps, leurs réponses brisent un stéréotype traditionnel :

« 35% des hommes envisagent de rester à la maison avec l’enfant : cette idée ne leur paraît ni absurde, ni contradictoire avec le modèle traditionnel. »