« Le procès Bárta » lève le voile sur le fonctionnement mafieux du parti Affaires publiques

Vít Bárta est mis en cause dans une affaire de corruption interne à son parti, photo: CTK

Un des procès les plus suivis de l’année a été ouvert lundi à Prague. Personnage parmi les plus médiatiques mais aussi parmi les plus controversés de la scène politique tchèque ces deux dernières années, Vit Bárta comparaît devant la justice. Homme fort des Affaires publiques, la plus petite des trois formations de la coalition gouvernementale, Vít Bárta est mis en cause dans une affaire de corruption interne à son parti.

Vít Bárta est mis en cause dans une affaire de corruption interne à son parti,  photo: CTK
A la tête d’un parti de centre-droit sorti de l’ombre quelques mois seulement avant les dernières législatives en mai 2010, Vít Bárta, ancien directeur d’une société privée de surveillance, avait fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille lors de la campagne électorale qui avait finalement permis aux Affaires publiques d’accéder au gouvernement. Quelques mois plus tard, en avril 2011, Vit Bárta était néanmoins déjà contraint de démissionner de ses fonctions de ministre des Transports. Celui qui est devenu depuis président du groupe parlementaire des Affaires publiques était accusé d’avoir versé des pots-de-vin à deux de ses députés, Kristýna Kočí et Jaroslav Škárka, en échange de leur loyauté. A la différence de Kristýna Kočí, qui a déposé son enveloppe chez une avocate, Jaroslav Škárka est, lui, accusé d’avoir accepté les 170 000 couronnes (6 800 euros) alors remis par son supérieur.

Autant d’accusations balayées d’un revers de la main par Vít Bárta, qui affirme qu’il ne s’agissait que de prêts d’ordre privé à des collègues, une pratique courante selon lui.

Jaroslav Škárka,  photo: CTK
« Pour l’instant, les quelques fuites du dossier sont la preuve qu’il faut absolument que cette affaire passe devant la justice pour démontrer qu’il s'agit d'un coup monté de toutes pièces. Tout le week-end passé, on a entendu parler d’un enregistrement important dont dispose monsieur Škárka. Mais je peux vous assurer que cet enregistrement n’est pas aussi important que l’audition de monsieur Škárka lui-même, qui affirme que ce qu’il a fait, il l’a fait pour restructurer la coalition afin de pouvoir gouverner sans les Affaires publiques. »

En d’autres termes, Vít Bárta, qui risque jusqu’à six ans de prison s’il est reconnu coupable, clame son innocence et rejette la faute sur ses anciens collègues, qu’il accuse de vouloir le discréditer et d’avoir manigancé dans son dos aux dépens des intérêts du parti. Lundi, lors de la première journée du procès suivi de très près par les médias et retransmis en direct sur Internet, les deux accusés ont répété leur version des faits, Jaroslav Škárka, qui risque une peine de trois ans, assurant ne pas avoir voulu accepter le dessous-de-table.

David Ondráčka
Mais au-delà même de l’affaire, ce sont les pratiques au sein de l’un des trois partis de la coalition, pratiques de corruption, donc, mais aussi d’écoutes secrètes, d’espionnage, de chantage ou encore d’intimidation, qui intriguent, comme le confirme David Ondráčka, directeur de l’ONG Transparency International :

« Toute cette affaire est un mélange de telenovela et de la monstruosité des méthodes employées au sein des Affaires publiques. Je pense que ce procès va nous permettre de lever le voile sur la face cachée de l’un des partis gouvernementaux et de découvrir non seulement son mode de fonctionnement dans les coulisses mais aussi plus généralement le fonctionnement dans la pratique de la culture politique dans ce pays. »

Jaroslav Škárka et Kristýna Kočí,  photo: CTK
Ce mardi, l’audience s’est poursuivie avec notamment l’interrogatoire de Kristýna Kočí, ancienne présidente du groupe parlementaire des Affaires publiques, exclue du parti peu après l’éclatement du scandale. Le procès s’achèvera vendredi.