Le nouveau chef du Théâtre national de Prague ébauche son projet

Le Théâtre national de Prague, photo: Barbora Kmentová

Le Théâtre national de Prague a un nouveau directeur. Il s’agit de Jan Burian, chef actuel du Théâtre Josef Kajetán Tyl de la ville de Plzeň. La candidature de cet homme de théâtre et pédagogue de 53 ans a été proposée au ministère de la Culture par une commission de spécialistes chargée de concevoir l’avenir du Théâtre national. La ministre de la Culture Alena Hanáková a accepté cette proposition et signé le contrat du nouveau directeur pour six ans. Jan Burian entrera en fonction en août prochain.

Le Théâtre national de Prague,  photo: Barbora Kmentová
Le Théâtre national de Prague est une institution emblématique de la culture tchèque qui réunit plusieurs ensembles artistiques et plusieurs édifices. Ses ensembles d’opéra, de théâtre dramatique et de ballet se produisent dans l’édifice historique du Théâtre national situé au bord de la Vltava, mais aussi au Théâtre des Etats, à l’Opéra d’Etat, sur la Nouvelle scène et au Théâtre Kolowrat. Diriger une institution aussi complexe est une entreprise aussi difficile que périlleuse parce que son chef est exposé à de fortes pressions venant de l’intérieur du théâtre mais aussi de l’extérieur et notamment de la scène politique. Le directeur doit donc être non seulement un artiste, mais aussi un diplomate et un stratège. Jan Burian semble réunir ces trois qualités. Il se réserve maintenant un peu de temps pour étudier les structures internes du théâtre et pour élaborer un nouveau projet auquel il désire donner une forme concrète avant la fin de cette année. C’est ainsi qu’il voit la nouvelle structure organisationnelle du théâtre :

Jan Burian,  photo: CTK
« Le répertoire lyrique y compris les productions modernes d’opéras et de ballets sera présenté sur la scène de l’Opéra d’Etat, la majorité des productions du théâtre dramatique sera donnée au Théâtre des Etats et finalement aussi dans la salle restaurée de la Nouvelle scène. Le directeur général se réservera les décisions sur le répertoire de la salle de l’édifice historique du Théâtre national. L’édifice historique présentera son propre répertoire qui sera préparé néanmoins en collaboration avec les autres ensembles. Ce programme doit correspondre à l’importance historique et symbolique du Théâtre national. »

Le limogeage de l’ancien directeur du Théâtre national Ondřej Černý à l’automne dernier avait provoqué un grand tollé dans les milieux artistiques tchèques et avait même failli balayer la ministre de la Culture. Depuis lors, le théâtre est en crise et Jan Burian se propose entre autres d’harmoniser les rapports internes et de redéfinir les compétences des chefs d’ensemble :

« Le directeur général ne renoncera évidemment pas au pouvoir de nommer et de destituer les chefs de différents ensembles du théâtre. Dans l’avenir le bureau de directeur général devrait s’occuper plus largement de la direction stratégique, de la répartition des ressources et du contrôle. Par contre, il devrait intervenir le moins possible dans le répertoire et les affaires artistiques de ces ensembles. »

Le Théâtre national de Prague,  photo: Barbora Kmentová
De l’avis de Jan Burian, les chefs d’ensemble devraient assumer désormais la responsabilité de la qualité artistique mais aussi de la viabilité économique de leurs productions. Il envisage maintenant d’ouvrir la discussion avec tous les chefs des ensembles du Théâtre national pour connaître leurs avis et pour voir dans quelle mesure leurs idées sur le répertoire et la structure organisationnelle du théâtre sont compatibles avec sa nouvelle conception. Ce n’est qu’à la suite de cette discussion qu’il prendra la décision sur d’éventuels changements aux postes des chefs d’ensemble. Les décisions de ce genre ne seront d’ailleurs pas prises dans l’avenir immédiat.

En 2012 le ministère de la Culture a procédé à la fusion du Théâtre national et de l’Opéra d’Etat qui avait été jusqu’à ce moment-là un établissement indépendant. La fusion a provoqué de nombreuses protestations des membres de l’ensemble de l’Opéra d’Etat qui préféraient l’autonomie de leur établissement. Jan Burian se voit cependant obligé de décevoir tous ceux qui espèrent qu’après son arrivée l’Opéra d’Etat pourrait à nouveau se séparer du Théâtre national :

L’Opéra d’Etat,  photo: CzechTourism
« On appelle cela fusion mais en réalité l’institution de l’Opéra d’Etat a été supprimée par décision du ministère de la Culture et elle n’existe plus. Ce n’est pas moi qui ai pris cette décision, à cette époque je n’étais pas non plus directeur de l’Opéra d’Etat. Je tiens à dire cependant que ma conception intègre en grande partie les revendications de certains membres de l’Opéra d’Etat qui réclament une autonomie artistique maximale dans le cadre du Théâtre national. »

Apporter de l’harmonie dans le travail de l’ensemble lyrique sera donc une des tâches importantes du nouveau directeur. Jan Burian se montre optimiste et espère convaincre les membres récalcitrants de l’Opéra d’Etat que les solutions qu’il propose seront bénéfiques pour leur création artistique.