Le nombre de nouveaux-nés avec un handicap est relativement faible en République tchèque

La République tchèque compte parmi les dix premiers pays au monde où naissent le moins d'enfants handicapés. Revers de la médaille cependant : le nombre élevé d'avortements.

Avec 44,9 enfants handicapés pour mille naissances, la République tchèque se trouve à la huitième place, après des pays tels que l'Autriche, l'Australie ou la Suisse, en ce qui concerne les nourrissons naissant avec une infirmité. Tels sont les derniers chiffres en date du rapport mondial sur les naissances d'enfants handicapés dans le monde, en 2001. D'après Lukas Rob, chef du département de gynécologie de l'hôpital Motol à Prague, qui s'exprimait dans le quotidien Mlada fronta Dnes la semaine dernière, ces bons résultats sont dus à l'excellent niveau des examens permettant le dépistage des maladies et défauts génétiques. Ainsi, des maladies graves telles que le syndrôme de Down, plus connu sous le nom de trisomie 21, peuvent être décelées très tôt. La bonne place du pays au niveau mondial confirme l'efficacité des programmes de dépistage systématique, alliant examens biochimiques et ultra-sons, programmes qui fonctionnent depuis une dizaine d'années, alors que l'équivalent britannique n'est en place que depuis l'année dernière.

Toutefois, cette faible proportion d'enfants naissant avec un handicap majeur s'explique également par le recours fréquent à l'interruption volontaire de grossesse. Ecoutons Alena Blumova, du Pavillon des soins de la mère et de l'enfant de l'hôpital de Liberec :

« Si on est dans la première phase de la grossesse et que l'infirmité est grave, on décide, en accord avec la mère, de mettre un terme à la grossesse. Si l'infirmité se détecte à la 20e semaine de grossesse, on fait un nouvel examen médical à ultra-sons, et si le conseil de spécialistes tombe d'accord avec la mère, la grossesse est alors interrompue avant la 24e semaine. »

D'après Lukas Rob, s'il est possible de déceler un handicap potentiel, il en va de même quant aux chances de guérison de la maladie détectée in utero : pour lui, il n'y a pas de recours automatique et encore moins forcé à l'avortement. La femme prend sa décision sur la base du diagnostic pré-natal effectué, qui peut estimer si un enfant souffrant par exemple d'un problème cardiaque a plus ou moins de chances de guérir définitivement après avoir été opéré.

Le fort taux d'athéisme en République tchèque peut être une raison qui expliquerait pourquoi l'option de l'avortement est plus fréquemment choisie. Mettre au monde un enfant handicapé va de paire avec le choix de s'occuper d'un enfant qui nécessitera une présence 24h/24h et des soins intensifs, souvent incompatibles avec emploi ou vie sociale. Lukas Rob rappelle cependant que l'athéisme n'est pas l'unique raison : dans d'autres pays, les caisses d'assurance maladie ne sont pas toujours prêtes à financer d'onéreux programmes de dépistage des maladies génétiques.