Le ministre tchèque des Affaires étrangères en France

Anna Kubišta et Karel Schwarzenberg, photo: CTK

Le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg a visité la France. Parmi les journalistes qui l’ont accompagné, il y avait aussi notre collègue Anna Kubišta à laquelle nous avons posé quelques questions :

Anna Kubišta et Karel Schwarzenberg,  photo: CTK
La visite se situe dans un contexte où la France organise un sommet sur l’immigration et la question rom, sommet auquel la République thèque n’a pas été conviée. Dans quel état d’esprit le ministre tchèque des Affaires étrangères a-t-il abordé cette première visite officielle en France depuis sa prise de fonction ?

« En tous cas, avant sa réunion avec son homologue français Bernard Kouchner et également avec Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Karel Schwarzenberg estimait que cette réunion des ministres de l'Intégration de plusieurs pays européens sur la question rom n’aurait aucune influence sur leur discussion. Il s’est voulu apaisant et il a précisé qu’il ne s’agissait que d’une réunion ministérielle et non pas dans le cadre de l’Union européenne.

Le camp tzigane à Fleury Merogis,  France,  photo: CTK
Sur la question rom, au contraire, Karel Schwarzenberg estimait que la France devait pouvoir être un soutien pour la République tchèque vis-à-vis du Canada. En effet le ministre de l’Immigration canadien est de passage à Paris pour participer notamment à ce sommet, l’occasion pour la France, peut-être d’appuyer la République tchèque pour laquelle, le Canada a rétabli l’obligation de visa pour ses ressortissants pendant l’été 2009. Rappelons qu’en effet, après la suppression de visas, le Canada avait fait face à une vague importante d’immigration rom qui l’avait amenée à revenir en arrière. Dans ce contexte Karel Schwarzenberg pense que la France pourrait être un soutien important pour la République tchèque puisque dans le cadre de l’Union européenne le Canada ne devrait pas avoir de politique spéciale et donc d’une certaine façon discriminatoire envers tel ou tel pays.
La manifestation contre Nicolas Sarkozy à Marseille,  photo: CTK
Mais comme le rappelait également Karel Schwarzenberg pour une suppression des visas il faut que la République tchèque donne également des garanties au Canada ce qui est difficile, des garanties que l’immigration massive ne se reproduira pas, ou alors attendre que le Canada adopte une nouvelle politique d’asile ce qui pourrait se faire à l’horizon de 2012-2013. Mais rien n’est sûr pour l’instant. »

La deuxième question est d’un autre genre. Il y a une dizaine de jours Karel Schwarzenberg a critiqué la politique d’expulsion de Roms pratiquée par Nicolas Sarkozy. L’atmosphère était-elle tendue avent la réunion ?

« D’après Karel Schwarzenberg non. A la veille de la réunion il n’avait pas l’intention de revenir sur ses déclarations, il maintient donc ses déclarations mais il s’est voulu quand même rassurant sur l’atmosphère de ce déjeuner de travail avec son homologue Bernard Kouchner. »

Justement quelles discussions sont au programme de ce déjeuner de travail ?

Bernard Kouchner et Karel Schwarzenberg,  photo: CTK
De nombreux thèmes sont au programme des discussions entre Karel Schwarzenberg et Bernard Kouchner à commencer par le futur Service européen pour l’action extérieure qui devrait être lancé en décembre de cette année, également les futurs conseils européens, notamment celui du 16 septembre. C’est donc un agenda très proche. Et également le développement des relations bilatérales franco-tchèques. De nombreux points intéressent également la diplomatie tchèque tels que notamment la vision de la France sur la situation en Russie, dans le Caucase mais aussi et surtout au Moyen Orient. Karel Schwarzenberg a tenu à rappeler dans ce contexte que les Français qu’il estime traditionnellement sous-estimés en pays tchèques depuis les Accords de Munich, sont et restent des partenaires à écouter, avec lesquels il faut discuter notamment pour leur degré d’informations sur ce sujet. »