Le ministre de la Culture donne son aval à la démolition d’une maison historique de la place Venceslas

Photo: CTK

La maison du coin de la Place Venceslas et de la rue Opletalova doit être détruite. Telle est la décision du ministre de la Culture Jiří Besser qui a ainsi tranché dans un long différend opposant les investisseurs et les spécialistes de la protection des monuments historiques.

La maison numéro 47 a été construite en 1880 et remaniée dans les années 1920. Sa façade élégante et discrètement ornée dans le style Art déco illustre un des chapitres de l’évolution architecturale de Prague, ville dont le centre historique figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. La présidente du Club pour la vieille Prague Kateřina Bečková rappelle que la maison fait partie intégrante de l’architecture de la place Venceslas :

« En effet, la maison s’intègre harmonieusement dans l’ensemble des édifices dont les lignes fuient vers la coupole du Musée national qui domine la place Venceslas. Si l’on érigeait à cet endroit un bâtiment brisant ces lignes majeures, cela porterait atteinte à l’ensemble de la perspective de la place. »

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Cela ne semble pas gêner le ministre de la Culture Jiří Besser. Bien qu’il se déclare conscient qu’il s’agit d’une intervention dans une localité exceptionnelle et précieuse, il a donné son aval au projet de démolition tout en rejetant une partie de la responsabilité sur une commission de son ministère.

Les spécialistes de la protection des monuments historiques, eux, sont scandalisés par ce projet qu’ils jugent particulièrement dangereux parce qu’il peut servir de précédent pour d’autres interventions brutales dans le centre de Prague. Tel est aussi l’avis du président de la filiale tchèque du Conseil international des Monuments et des Sites, Josef Štulc :

« Cela nous inquiète beaucoup parce que cela révèle les dangers guettant le centre historique de Prague qui est un site classé. On procède à la démolition d’une maison qui est très bien conservée. »

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Il s’avère que le projet ne concerne pas que la démolition de la maison numéro 47 mais aussi deux bâtiments voisins, l’hôtel Jalta et une ancienne imprimerie, qui seront, eux aussi démolis à l’exception des façades donnant sur la rue. Richard Biegel du Club pour la vieille Prague estime que la décision du ministre est alarmante parce que l’évolution de cette affaire est typique pour ce genre de projet. Il constate que le scénario est toujours similaire. L’investisseur achète des maisons protégées, détruit une de ces maisons dont il ne reste que la façade, mais ne s’arrête pas là et exige la démolition complète de maisons voisines.

Par contre, l’historien de l’architecture Zdeněk Lukeš estime que la maison condamnée à la démolition n’a pas une valeur architecturale particulière et que les changements du paysage urbain de ce genre sont inévitables :

« J’ai entendu dire qu’il n’est pas possible de construire de nouveaux bâtiments sur la place Venceslas. Pourtant depuis 1990, plusieurs maisons déjà y ont été démolies et remplacées par de nouveaux bâtiments, par exemple le Palais Euro dans la partie inférieure de la place. Récemment on a également démoli le Palais Diamant. C’est donc un processus normal qui se poursuit même sur un site historique classé et protégé par l’UNESCO. »

Le ministre de la Culture explique sa décision par le souci d’éviter un procès contre l’investisseur qui pourrait se déclarer lésé et défendre ses intérêts en justice. Malgré les objections et les protestations, la maison de la Place Venceslas semble donc condamnée parce que la décision du ministre est sans appel. Les travaux de démolition commenceront probablement en novembre.