Le Liechtenstein tend la main à la Tchéquie

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Tableaux, statues, mobilier d’époque et porcelaine fine de la première moitié du XIXe siècle – voilà ce que les visiteurs du Manège du Palais Wallenstein à Prague peuvent voir à partir de ce jeudi. La majorité de ces objets précieux fait partie des collections de la famille princière de Liechtenstein. L’exposition n’a pas cependant qu’une valeur artistique, elle est aussi un signe du rapprochement entre la Principauté de Liechtenstein et la République tchèque.

Le prince Hans Adams II de Liechtenstein avec Václav Klaus,  photo: CTK
Pendant la seconde moitié du XXe siècle les rapports entre le Liechtenstein et la Tchécoslovaquie étaient plus que froids à cause de la confiscation d’immenses biens de la famille sur le territoire tchèque en vertu des décrets du président Beneš au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. La principauté n’a même pas reconnu la République tchèque après la partition de la Tchécoslovaquie en 1993. Les relations entre les deux pays ne se sont améliorées qu’au cours de ces dernières années et ce n’est qu’à l’automne de 2009 que le Liechtenstein et la Tchéquie ont établi des relations diplomatiques. Aujourd’hui les deux parties désirent donc mettre l’accent sur ce qui les unit et non pas sur ce qui les sépare. Le prince Hans Adams II de Liechtenstein lui-même est venu à Prague pour inaugurer l’exposition du Palais Wallenstein :

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« L`exposition n’a été rendue possible que par la normalisation des relations bilatérales entre la Tchéquie et le Liechtenstein, relations rompues en 1938 par l’occupation de la Tchécoslovaquie par le Troisième Reich. C’est un pas important vers une nouvelle coopération, nous préparons d’autres projets et je suis très content que ce soit possible aujourd’hui. ».

L’année dernière déjà Hans Adam II a déclaré que sa famille n’envisageait pas de prendre une initiative pour recouvrer ses biens en Tchéquie, sans cacher cependant que le Liechtenstein aimerait bien reprendre la possession de ses anciennes propriétés et y investir des sommes importantes.

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Outre la signification politique, l’exposition placée sous le haut patronage du premier ministre tchèque Jan Fischer et du chef du Sénat Přemysl Sobotka a aussi une importante dimension artistique et culturelle. Elle réunit notamment une excellente collection de portraits, de paysages et de tableaux de genre signés par les meilleurs peintres viennois de la première moitié du XIXe siècle dont Heinrich Füger, Friedrich Amerling, Peter Fendi ou Ferdinand Georg Waldmüller. Selon le conservateur du Musée des Arts et des Métiers de Prague Radim Vondráček, leurs oeuvres illustrent bien le passage entre le classicisme et le nouveau style qu’était le biedermeier :

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« En ce qui me concerne, j’admire certains petits portraits de Friedrich Amerling qui a peint les petites princesses de Liechtenstein, filles d’Alois II. De même les aquarelles ou les petites peintures à l’huile de Peter Fendi se classent parmi les oeuvres qui n’impressionnent pas le spectateur par leurs dimensions, ce ne sont pas des oeuvres représentatives, mais au contraire des tableaux très intimistes qui témoignent que le biedermeier a apporté une nouvelle atmosphère. Aux grands gestes et poses représentatives le biedermeier préférait le monde naturel et normal de l’homme. »

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Et Radim Vondráček de souligner que cette exposition démontre d’une très belle façon une certaine dualité des œuvres créées à l’époque pour une des plus grandes familles aristocratiques d’Europe. D’une part des portraits officiels monumentaux et d’autres part des esquisses intimistes saisissant la vie quotidiennes des petites princesses au château de Lednice, l’un des châteaux confisqués aux Liechtenstein après la Deuxième Guerre mondiale.