Le gouvernement tchèque touché par une affaire concernant le plus petit parti de la coalition

Vít Bárta, photo: CTK

Dans son édition de lundi, l’hebdomadaire Respekt révélait que le parti Affaires Publiques (VV), la plus petite des trois formations de la coalition gouvernementale, était géré de manière pour le moins bizarre. Vít Bárta, fondateur de VV et actuel ministre des Transports, a été accusé par le vice-président du parti de lui donner de l’argent pour s’assurer de sa loyauté. L’affaire menace de déstabiliser le gouvernement.

Jaroslav Škárka,  photo: CTK
Le parti Affaires Publiques n’est vieux que de quelques mois, mais a déjà quelques belles affaires à son actif. Le député Jaroslav Škárka était jusqu’à présent le vice-président de cette formation, il faisait parti des proches de deux de ses principaux ministres, Radek John et Vít Bárta, et portait comme eux des chemises bleu à col blanc…

Aujourd’hui Škárka est toujours député, mais il ne porte plus de chemises bicolores et a été viré du parti et de son groupe parlementaire, parce que Respekt l’a cité en train d’expliquer qu’il recevait du cash de la part de Vít Barta pour sa loyauté et sa discrétion sur la gestion financière du parti.

Le chef d’Affaires publiques, Radek John, a convoqué mardi une conférence de presse extraordinaire pour annoncer officiellement la décision de se séparer de Jaroslav Škárka :

Radek John a annoncé la décision de se séparer de Jaroslav Škárka,  photo: CTK
« Le conseil d’Affaires Publiques a décidé d’exclure Jaroslav Škárka du parti en raison du non respect du code d’éthique et de l’atteinte portée à notre image. Dans le même temps, notre groupe parlementaire a décidé de suspendre son adhésion. La réunion du groupe a ensuite été interrompue et reprendra comme prévu jeudi et vendredi. »

Jaroslav Škárka, après s’être rétracté, a finalement annoncé qu’il allait apporter mercredi en fin d’après midi la preuve que Vít Bárta lui a donné plusieurs dizaines de milliers de couronnes en liquide. Il a également affirmé qu’il était suivi et surveillé. La société de surveillance fondée par Vít Bárta, ABL, a déjà été par le passé soupçonnée d’avoir espionné les faits et gestes de politiciens.

L’épreuve est difficile pour ce parti, qui avait fait de la lutte contre la corruption une des priorités d’un programme souvent décrit comme très populiste.

Vít Bárta,  photo: CTK
Cette affaire pourrait avoir des conséquences au niveau gouvernemental. Des sources proches du Premier ministre citées notamment par le quotidien Lidové noviny indiquent que « s’il s’avère que Vít Bárta est réellement mouillé dans cette affaire, le parti ODS fera pression pour qu’il quitte le gouvernement » et soit remplacé au ministère des Transports par des membres moins controversés d’Affaires publiques.

Pour l’opposition, tant communiste que social-démocrate, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : Vít Bárta doit quitter le gouvernement. Le chef du parti social-démocrate, Bohuslav Sobotka, a ajouté que le CSSD pourrait envisager de déposer une motion de défiance contre le gouvernement à cause de cette affaire.