Le gouvernement de Mirek Topolánek contraint de démissionner

La République tchèque vit une nouvelle crise politique. La coalition gouvernementale de centre-droit dirigée par Mirek Topolánek est tenue de démissionner après que la motion de censure déposée par l’opposition sociale-démocrate a été adoptée, mardi, par la Chambre des députés. Il s’agit d’une première dans l’histoire du pays. Et si depuis sa formation en janvier 2007, le cabinet avait survécu à quatre votes de défiance, le cinquième lui a finalement été fatal.

Jiří Paroubek,  photo: CTK
200 députés siégeant à la Chambre basse du Parlement, 101 voix étaient nécessaires pour que soit à la fois adoptée à la majorité absolue la motion de censure et déboulonnée la coalition tripartite. 101, pas une de plus, c’est exactement le nombre de voix que l’opposition est parvenue à rassembler à l’issue d’une séance très animée au cours de laquelle la gestion de la crise économique a notamment été reprochée à Mirek Topolánek et à son équipe. En réalité, ce sont surtout certaines affaires et les luttes d’intérêt au sein des trois partis de la coalition qui ont été fatales au gouvernement. Quatre de ses anciens députés devenus indépendants ont en effet exprimé leur défiance à son égard.

Aussitôt la proclamation du résultat du vote, le leader de la social-démocratie, Jiří Paroubek, à l’origine du dépôt de la motion de censure, a indiqué ce qu’il attendait du gouvernement dans les prochaines heures :

Photo: CTK
« Nous supposons que le gouvernement va remettre sa démission dès sa prochaine session jeudi. Ce gouvernement peut aller jusqu’au bout de la présidence de l’UE. Mais pour nous, cette démission signifie également qu’il ne se consacrera plus aux réformes qu’il a entreprises. »

Bien que démissionnaire, le gouvernement, toujours avec Mirek Topolánek à sa tête, devrait continuer à assurer les affaires courantes dans un premier temps et surtout la présidence de l’UE jusqu’à la fin du mois de juin.

Ensuite, deux scénarios apparaissent possibles aujourd’hui : la nomination, comme le stipule la Constitution, par le président de la République d’un Premier ministre chargé de former un nouveau gouvernement, ou alors, plus probablement, l’organisation d’élections législatives anticipées. Dans l’immédiat, Mirek Topolánek, en tant que leader du Parti civique démocrate (ODS), principale formation de la coalition, a une idée bien arrêtée des démarches que devrait entreprendre le chef de l’Etat :

Mirek Topolánek,  photo: CTK
« L’ODS n’acceptera aucune autre nomination que la mienne. Si le président nomme quelqu’un d’autre, cela ouvrirait la porte aux communistes, que ce soit par une participation directe ou indirecte au gouvernement. Nos exigences sont donc tout à fait claires et concrètes. Et si je ne parviens pas à former un nouveau gouvernement, nous ne soutiendrons aucun autre gouvernement, quelle que soit sa composition. Nous chercherons alors à organiser des élections anticipées le plus rapidement possible. »

Si elles devaient être organisées, comme tout le laisse à penser compte tenu de la répartition actuelle des forces à la Chambre des députés, ces élections législatives pourraient l’être dès cet été ou à l’automne. D’ici-là, la scène politique tchèque pourrait bien vivre de nouveau quelques heures agitées.