Le fils du fondateur de la Corée du Nord nouvel ambassadeur à Prague

Kim Pyong-il et Miloš Zeman, photo: ČTK

Fils de Kim Il-sung, le fondateur et premier dirigeant de la Corée du Nord, Kim Pyong-il poursuit sa longue carrière diplomatique européenne avec la République tchèque. En présence de Miloš Zeman, il est officiellement devenu la semaine dernière ambassadeur à Prague de la République populaire démocratique de Corée, un pays dont le régime communiste de type stalinien souffre d’une bien mauvaise réputation.

Kim Pyong-il et Miloš Zeman,  photo: ČTK
« Votre excellence, bienvenue à Prague », c’est ainsi que le chef de l’Etat Miloš Zeman a accueilli Kim Pyong-il, le nouvel ambassadeur nord-coréen à Prague. Cet homme de 61 ans n’est pas un novice en la matière puisqu’il a exercé cette fonction dès 1979 en Yougoslavie et a ensuite roulé sa bosse en Hongrie, en Roumanie, en Finlande, puis finalement ces dix-sept dernières années en Pologne. Une carrière diplomatique qui serait possiblement liée à un exil forcé de sa terre natale, où, en tant que membre de la dynastie Kim, laquelle dirige la Corée du Nord depuis trois générations, il aurait pu constituer une menace dans le cadre des luttes de pouvoir. Le coréanisant tchèque Petr Bláha écarte aujourd’hui cette hypothèse :

« S’il était effectivement considéré comme une importante menace pour l’élite nord-coréenne actuellement en place, il ne serait pas ambassadeur. Et si lui-même s’était senti sérieusement menacé, il a eu toute une série d’opportunités pour fuir. Durant les dix-sept années passées en Pologne, il y a installé sa famille, sa femme, son fils et sa fille. Donc il aurait pu s’enfuir si cela avait été nécessaire, il n’aurait d’ailleurs pas été le premier. »

Kim Pyong-il,  photo: ČTK
Pour autant, Kim Pyong-il a bien été impliqué dans les guerres intestines visant à déterminer dans les années 1970, quel Kim serait amené à succéder à Kim Il-sung, le fondateur d’une Corée du Nord qu’il a dirigé jusqu’à sa mort en 1994. Spécialiste de la Corée, Jaromír Chlada raconte cette difficile histoire familiale :

« Kim Il-sung a eu plusieurs femmes. D’un premier mariage, il a eu un fils, Kim Jong-il et une fille, Kim Kyong-hui, dont le mari, Jang Song-taek, a récemment été exécuté. Kim Il-sung a eu trois enfants d’un second mariage, dont Kim Pyong-il. Le conflit entre Kim Jong-il et Kim Pyong-il remonte aux années 1970. Le premier et ses proches l’ont emporté tandis que Kim Pyong-il et les siens ont été exilés en Europe. »

Réputé casanier lors de son long séjour polonais, Kim Pyong-il devrait rester en poste quatre ans à Prague. Pourquoi cette destination ? Petr Bláha esquisse une réponse :

Petr Bláha,  photo: TV Noe
« Le précédent ambassadeur nord-coréen à Prague, qui y est resté trois ans, a été envoyé en Roumanie. Donc je suppose que la Corée du Nord s’efforce de renouer des liens avec les pays ayant eu une tradition communiste. Kim Pyong-il est une personnalité importante et on peut penser qu’il va entretenir des relations amicales avec les représentants encore vivants du régime communiste tchécoslovaque ou avec leurs successeurs. »

Cela ne suffira sans doute pas à redorer le blason d’une Corée du Nord menaçante, soupçonnée de détenir l’arme atomique, critiquée pour la dictature militaire qui y sévit et réputée être l’un des pays les plus fermés au monde. Un site Internet encourage pourtant les curieux à découvrir cette contrée du matin calme de leurs propres yeux. Une expérience qu’avait réalisée un groupe de touristes tchèques et qui avait donné lieu en 2008 à un documentaire de la réalisatrice Linda Kallistová Jablonská, intitulé « Bienvenue en Corée du Nord ! », sur lequel Radio Prague reviendra prochainement.