Le dramaturge français Pierre-Yves Chapalain au festival de théâtre étudiant, Zlomvaz

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Jusqu’au 12 mai se déroule à Prague le festival de théâtre étudiant, Zlomvaz. Une expression tchèque signifiant littéralement « casse-toi la nuque » pour exprimer en réalité « bonne chance ! ». Parmi les invités du festival, le dramaturge français Pierre-Yves Chapalain dont deux pièces, Absinthe et La lettre ont été jouées au festival. Radio Prague lui a d’abord demandé de revenir sur la rencontre avec les organisateurs du festival :

Pierre-Yves Chapalain
« Ce n’est pas moi au départ qui avais prévu d’y participer. C’est une jeune metteuse en scène prénommée Linda qui, il y a un an, avait découvert un texte que j’avais écrit. On s’était rencontrés à Paris. Elle m’avait demandé si elle pouvait traduire ce texte en tchèque, pour le jouer à Prague, au festival de théâtre étudiant de son école. Je lui évidemment dit qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Elle a décidé de mettre en scène ma pièce intitulée Absinthe. »

Cette pièce a été présentée le 8 mai ici à Prague, à la DAMU. Pourriez-vous présenter cette pièce et évoquer la mise en scène de cette jeune femme ?

Absinthe,  photo: Filip Smelík/Zlomvaz
« Elle a choisi d’explorer, dans un souci alternatif, underground, mon texte Absinthe. C’est une pièce qui n’est pas totalement achevée d’écrire. C’est un peu une matière brute, finie si l’on veut, mais qui laisse de nombreuses possibilités de mise en scène. C’est ce qui l’intéressait, elle. Elle a été séduite par la langue et l’écriture. Ca lui parlait, ce qui ne m’étonne pas car l’héroïne, appelée Absinthe, est un peu une fille de son âge. C’est une histoire familiale, avec des choses qui ne sont pas sues, comme si elle avait grandi dans un milieu où tout est faux autour d’elle. On ne lui a jamais dit, mais c’est elle qui le sent. Elle va découvrir qu’il y a des tonnes de choses complètement fausses autour d’elle. »

Où puisez-vous les thèmes de vos pièces ? Dans votre quotidien ? Ou vous inspirez-vous de mythes puisque le théâtre reprend souvent des mythes éternels en les retravaillant de manière contemporaine ?

Absinthe,  photo: Filip Smelík/Zlomvaz
« Je m’appuie forcément sur des choses que je connais, en tout cas au niveau des sensations. Ensuite j’aime beaucoup aussi travailler sur des sous-couches très anciennes qui peuvent s’apparenter à de la mythologie. Cela peut être casse-gueule, mais il faut s’en détacher aussi. C’est plus pour se nourrir d’une énergie profondément enfouie en chacun de nous. Ce n’est pas forcément seulement un héritage même si cette notion existe. Ce n’est pas quelque chose de fermé. »

Que cherchez-vous à dire avec vos pièces ? Quels sont les questionnements que vous cherchez à résoudre ou en tout cas de poser dans vos pièces ?

Absinthe,  photo: Filip Smelík/Zlomvaz
« J’ai toujours été intéressé par cette cruauté en chacun de nous. Ce n’est évidemment pas une nouveauté, mais en tout cas je n’essaye pas d’être moral dans mes pièces, je ne dis pas comment il faut penser, comment il faut se comporter parce que je serais incapable de le savoir moi-même. Mais en tout cas, j’essaye de trouver des évidences quand j’écris, mais je n’ai pas de position de jugement précise. J’essaye de parler de ce côté brut qui est en nous et que la culture a du mal à domestiquer, à absorber. Si la culture suffisait, les pays les plus développés auraient forcément le comportement le plus exemplaire. Mais ce n’est pas le cas. Je travaille sur cette contradiction. »

www.zlomvaz.cz