Le Département d’Etat américain critique la corruption et la situation des minorités en République tchèque

Le rapport annuel du Département d’Etat des Etats-Unis sur les droits de l’homme dans le monde en 2007 évoque la situation dans ce domaine dans de nombreux pays et aussi en République tchèque. Le rapport constate que Prague n’a pas progressé dans la lutte contre la corruption et la protection des minorités.

Jiří Čunek,  photo: CTK
Bien que le gouvernement tchèque protège les droits des citoyens, la corruption et l’applicabilité du droit restent des grands problèmes du pays, lit-on dans le document publié sur le web, qui constate que même des hauts fonctionnaires sont impliqués dans des affaires de corruption. Il évoque dans ce contexte l’affaire qui a obligé à la démission l’ancien ministre de l’Aménagement du Territoire Jiří Čunek et celle qui a éclaboussé l’ancien Premier ministre Stanislav Gross. Le document cite également une information de la Banque mondiale comparant la situation avec l’année 1996 et constatant que la situation dans l’applicabilité du droit s’est détériorée et que presque le quart des sociétés commerciales dans le pays cherchent à corrompre des fonctionnaires. Les auteurs du rapport affirment que des hommes politiques tchèques interviennent dans le travail d’institutions indépendantes, et l’interventionnisme des politiciens se traduit dans certains cas par l’arrêt de procédures judicaires et le dessaisissement de magistrats. Ils citent dans ce contexte la décision de la procureure générale de mettre fin à la procédure contre Jiří Čunek.

Selon, Vít Pohanka, correspondant de Český rozhlas (Radio publique tchèque) à Washington, le document critique aussi la situation des minorités en République tchèque :

« C’est justement la mauvaise situation des Roms en République tchèque qui est régulièrement notée dans le rapport préparé tous les ans par le Département d’Etat pour le Congrès américain. D’après le document, les Roms en République tchèque souffrent beaucoup plus souvent que le reste de la population de pauvreté, de chômage, d’analphabétisme et sont discriminés par les autorités. »

Le premier ministre tchèque Mirek Topolánek a déjà fermement rejeté ces informations publiées par le Département d’Etat en s’attaquant à la situation dans le domaine des droits de l’homme aux Etats-Unis. Selon lui, un pays qui tolère la torture de prisonniers est mal placé pour donner des leçons sur les droits de l’homme à la République tchèque. Evidemment, le rapport américain et la réaction du Premier ministre n’ont pas échappé à l’attention des médias. Le commentateur du journal Právo Alexandr Mitrofanov l’a évoquée à la télévision en ces termes :

Mirek Topolánek et Jiří Čunek,  photo: CTK
« Le premier ministre Mirek Topolánek a déclaré que le pays qui tolère la torture des prisonniers ne doit pas nous sermonner en ce qui concerne les droits de l’homme. Ce sont de belles paroles. Seulement, je me demande quelle aurait été la réaction du premier ministre si cette question ne lui avait pas été posée lors d’une conférence de presse dans la villa Kramář, sa résidence officielle, mais lors de sa récente visite à la Maison Blanche. »

Le document s’intéresse également à la condition des femmes en Tchéquie et constate qu’elles ne sont pas suffisamment représentées dans la vie politique.