« Le chasseur de communistes » innocenté

Vladimir Hucin (à droite) et son avocat Stanislav Devaty, photo: CTK

Le tribunal de Prerov, en Moravie, a rendu, jeudi, son verdict dans l'un des procès les plus suivis de ces trois dernières années en République tchèque. Vladimir Hucin, un ancien agent des services de renseignement surnommé « le chasseur de communistes », a été acquitté de six chefs d'accusation pour lesquels il risquait une lourde peine d'emprisonnement.

Vladimir Hucin  (à droite) et son avocat Stanislav Devaty,  photo: CTK
Celui qui est considéré par beaucoup comme un symbole de la lutte contre le régime communiste, mais qui se trouvait également au coeur de l'un des plus importants scandales mettant en cause les services secrets du pays, a été déclaré non coupable. Vladimir Hucin était notamment accusé d'avoir provoqué l'extrémisme de gauche pour attirer l'attention sur son danger, mais aussi de détention illégale d'armes et d'explosifs, de non-respect d'ordre reçu, d'abus de pouvoir d'un agent public, de mise en danger d'informations secrètes et de manipulation illicite de données personnelles. Sa mère aurait dû également figuré à ses côtés sur le banc des accusés pour détention illégale d'armes, mais Vaclav Havel, qui, en 2001, était alors encore président de la République, lui avait accordé une grâce.

A l'origine, la police avait soupçonné Vladimir Hucin d'être impliqué dans plusieurs explosions qui s'étaient produites à Prerov, ville située à environ 250 kilomètres au sud-est de Prague, et d'avoir abusé des services secrets à des fins personnelles. Finalement, le juge Michal Jelinek a estimé que les témoignages et les preuves avancées par l'accusation ne confirmaient pas les charges requises contre Hucin, tout en excluant la thèse soutenue par l'avocat de la défense selon laquelle le procès aurait été monté de toutes pièces à des fins politiques :

« Dans la plupart de cas, nous avons constaté que les preuves présentées par le procureur n'étaient pas suffisament convaincantes pour reconnaître M. Hucin coupable. Nous ne disposions que des témoignages d'une seule personne et de l'accusé, il n'y avait pas d'autres éléments. Dans une telle situation, nous devons décider en faveur de l'accusé. Par ailleurs, il n'a pas été mentionné qu'un homme politique quelconque se soit engagé pour que le tribunal rende tel ou tel jugement. Il n'y a pas eu de pressions politiques exercées sur la cour, celle-ci a pris sa décison comme dans les autres affaires traitées après avoir mené sa propre réflexion. »

Depuis plusieurs années, en effet, Vladimir Hucin s'efforce de démontrer publiquement que des agents de la StB, l'ancienne Police d'Etat, et les communistes exercent encore leur influence dans les différents organes de l'Etat. Même si rien de tout cela n'a donc été démontré au cours du procès, Hucin, qui a quand même passé un an en prison, se disait satisfait du jugement de la cour :

Vladimir Hucin  (à droite),  photo: CTK
« Oui, je suis satisfait du verdict rendu, même si la procédure a duré trop longtemps. En revanche je ne suis pas satisfait du fait que la plus grande partie du procès n'ait pas été accessible au public. C'est dommage, car je pense que si le public avait pu assister aux audiences et savoir ce qui s'y passait, il aurait peut-être pu réfléchir sur l'évolution de toute cette affaire jusqu'à ce verdict. »

Mais Vladimir Hucin, qui entend désormais se consacrer à l'écriture, et qui avant 1989 avait déjà passé quarante mois derrière les barreaux et avait été condamné quatre fois pour ses activités contre le régime communiste, aura désormais tout loisir de raconter...