Le 43e édition du MIDEM : deux succès de la musique tchèque

Deux enregistrements de musique tchèque ont été primés à la 43e édition du MIDEM (Marché international de la Musique) qui a eu lieu à Cannes. Dans la catégorie ‘Musique de chambre’ le jury international a distingué le Quatuor Pavel Hass et le prix du meilleur enregistrement lyrique a été décerné à l’opéra «Les Voyages de Monsieur Brouček» de Leoš Janáček.

Jiří Štilec
D’après Jiří Štilec de la société Arco Diva, la République tchèque a été représentée à Cannes par un stand créé grâce à une initiative du ministère de la Culture et de plusieurs autres institutions. La présentation de la musique tchèque a été dominée par trois projets :

«Je pense que le premier projet majeur a été les manifestations liées avec l’anniversaire de Bohuslav Martinů, puis c’était la promotion d’un film documentaire sur notre mezzo-soprano Magdalena Kožená, et nous avons déjà mis l’accent aussi sur le prochain anniversaire d’un autre grand, originaire de Bohême, le compositeur Gustav Mahler.»

Le 150e anniversaire de la naissance de Gustav Mahler tombe en 2010 mais les préparatifs des manifestations qui seront organisées à cette occasion sont déjà en cours. Pour Jiří Štilec, la victoire du Quatuor Pavel Hass dans la catégorie ‘Musique de chambre’ est l’aboutissement d’une longue tradition :

«C’est une victoire évidente d’une excellente qualité d’interprétation. La tradition de l’école de quatuor à cordes tchèque qui a commencé au début du XXe siècle par le Quatuor tchèque et s’est poursuivi avec le Quatuor Smetana et toute une série d’autres formations que je ne vais pas nommer, faute de temps. Et cette tradition continue avec la plus jeune génération à laquelle appartient le Quatuor Hass.»

Un prix au MIDEM été remporté aussi par un enregistrement de l’opéra « Les Voyages de Monsieur Brouček » de Leoš Janáček. Le musicologue Pavel Veber évoque cette production de la Deutsche Gramophon (DGG) réalisée par le chef d’orchestre tchèque Jiří Bělohlávek avec une importante participation d’artistes de son pays :

«Il s’agit d’un opéra de Janáček qui n’est pas fréquemment joué et enregistré. L’enregistrement s’est imposé aussi par l’interprétation. Jiří Bělohlávek a choisi d’excellents chanteurs tchèques et aussi l’Orchestre symphonique de la BBC dont il est le directeur musical. Il interprète souvent de la musique tchèque avec cet orchestre ces dernières années et il sait lui insuffler le caractère authentique de cette musique. (…) Son enregistrement des ‘Voyages de Monsieur Brouček’ est moderne. C’est une version concert mais en même temps un enregistrement qui crée l’illusion d’un drame, d’une représentation théâtrale. Nous avons vraiment l’impression d’assister à un opéra.»

Bien que cela puisse être considéré comme un succès de la musique tchèque, le musicologue Jan Králík regrette que ces dernières années les opéras tchèques ne soient enregistrés pratiquement que par des labels étrangers, dont Deutsche gramophon. Selon Jiří Štilec, il s’agit cependant des projets coûteux et les sociétés de disque tchèques n’arrivent pas à réunir les moyens financiers suffisants pour les réaliser.