L’avant-garde tchèque exposée à Paris

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Jusqu’au 18 juillet, la galerie Le Minotaure, à Paris, accueille une exposition consacrée aux artistes de l’avant-garde tchèque qui séjournèrent à Paris dans l’entre-deux-guerres notamment. Radio Prague s’est entretenue avec Benoît Sapiro, fondateur de la galerie qui lui a expliqué d’où était née l’envie de faire cette exposition :

« Je suis spécialisé dans toutes les avant-gardes d’Europe centrale et de l’Est. J’avais commis une première exposition de Toyen au tout début de la galerie, avec Jana Claverie. On avait même fait une exposition de Hoffmeister à Paris et dans ma seconde galerie à Tel Aviv. Et j’ai fait aussi deux expositions consacrées à Kupka. J’aime bien traiter chaque artiste à part, et quand j’ai un ensemble et une meilleure connaissance, j’aime faire un tour d’horizon un peu plus large. Là, on a choisi de traiter les avant-gardes tchèques, mais du point de vue parisien. »

Quels sont les artistes tchèques que vous présentez dans la galerie Le Minotaure ?

« On commence avec Kupka. C’est logique car c’est le point de départ de l’art abstrait du XXe siècle. Il y a ensuite Emil Filla, Oto Gutfreund, František Drtikol. On passe à Jindřich Štyrský, Toyen, Josef Šíma. On remonte dans le temps jusqu’à Jiří Kolář et Běla Kolářová. »

Pourquoi tous ces artistes tchèques s’installent-ils en France ? J’imagine que c’était dû à l’aura de Paris pour les artistes…

« Historiquement, au début du siècle et dans les années 1910, 1920, vous avez les premiers salons cubistes, le Salon des Indépendants… Il est donc normal que tout le monde passe par Paris. En 1930, il y a Abstraction-Création qui est un autre temps fort. De toutes les façons, à cette époque-là, il y avait où Paris ou Berlin comme scène internationale en Europe pour se mesurer aux avant-gardes artistiques internationales. »

Photo: Le Minotaure
Quand ces artistes tchèques créent à Paris, j’imagine qu’ils côtoient d’autres artistes étrangers présents sur place. Y a-t-il des échanges, de l’émulation ?

« Il y a énormément d’échanges entre les artistes français et entre les artistes étrangers. Au début des années 1920, dans pratiquement chaque pays, il y a des revues d’avant-garde qui sont créées, comme Devětsil en Tchécoslovaquie, Contimporanul à Bucarest... Il y a beaucoup d’échanges entre les revues qui sont fondées par les artistes. J’expose par exemple une pièce de Karel Teige qui est un des fondateurs de Devetsil, sur un papier en-tête de Devětsil. Cela représente le constructivisme tchèque et c’est publié dans la revue Contimporanul, dont Marcel Janco, co-fondateur de Dada à Zürich, était rédacteur en chef. Puis, il y a une influence évidente qui va tourner autour de Paris et Berlin puisque les premiers comme Filla sont d’abord influencés par l’expressionnisme mais vont vite passer au cubo-expressionnisme. Il y a beaucoup d’échanges mais en même temps chacun garde sa spécificité. »

Quelles sont les réactions des visiteurs de votre galerie à cette exposition ?

« Je suis surpris par le fait que ce soit si peu connu. Les gens ne connaissent pas vraiment les artistes ou connaissent de nom vaguement sans jamais avoir rien vu d’eux. Or, on a pour Toyen et Štyrský des choses vraiment exemplaires. Je suis très agréablement surpris par la réaction du public qui trouve ça formidable. Comme on a deux espaces, un rue des Beaux-Arts et un rue Mazarine, on a scindé l’exposition en deux. La première partie, c’est les orphistes en partant de Kupka et en reprenant le terme d’Apollinaire. Il y a les cubistes et les constructivistes. Et dans l’autre espace, on a mis les surréalistes et Dada. »

www.galerie-leminotaure.com