L’anglais, bientôt seule langue obligatoire à l’école ?

Le Conseil économique formé par le gouvernement, également connu sous l'acronyme NERV, vient de recommander que l'anglais soit la seule langue obligatoire dans les écoles tchèques, au lieu des deux langues à l’heure actuelle. Les écoles, mais aussi le monde de l’entreprise, sont effarés par cette proposition.

Selon le rapport du NERV, l'apprentissage d'une deuxième langue serait une perte d'énergie pure et simple. Tandis que la maîtrise de l’anglais, elle, serait la voie royale pour faire carrière. Le temps économisé sur une deuxième langue, qui deviendrait alors optionnelle, pourrait servir à étudier l’informatique ou encore les finances.

Les premiers concernés, les professeurs de langues, s’insurgent évidemment contre l’idée. C’est le cas d’Andrea, professeur de français dans un lycée de Prague, pour qui cette proposition a des relents plus que passéistes :

« C’est un vrai pas en arrière parce qu’à l’époque communiste, on avait une langue obligatoire, c’était le russe. Tout le monde était obligé d’apprendre cette langue qui était imposée par l’Etat. Et on n’avait pas le choix… »

Si l’argument du NERV est celui de la carrière, de l’anglais comme langue du « business », certaines entreprises n’y sont d’ailleurs pas nécessairement sensibles. Pour Andrea, l’enseignement des autres langues, quelles qu’elles soient, est nécessaire à la fois comme bagage culturel et comme tremplin vers un futur métier :

« Je pense que la proposition de limiter l’enseignement obligatoire des langues étrangères à l’anglais est vraiment inacceptable parce que, comme tout le monde le sait, la connaissance des langues développe chez un élève sa capacité d’adaptation, sa curiosité, son ouverture culturelle. En plus, parler deux langues, par exemple, l’anglais et le français, multiplie ses chances de trouver un emploi dans une entreprise internationale, en République tchèque ou dans le monde. En outre, le français est une langue de travail officielle à l’ONU, dans l’Union européenne, à l’Unesco… N’oublions pas aussi que le français est aussi une langue de culture qui nous permet d’avoir accès en version originale aux grands textes. Mais ce n’est pas seulement le français, c’est la même chose pour l’allemand, l’espagnol, le russe. Tout cela permet un accès direct à la littérature, au cinéma, aux chansons… »

Josef Dobeš
Les enseignants ne sont pas les seuls à être choqués par la proposition : elle a également suscité la désapprobation de certaines agences de tourisme ou bien de l’Union de l’industrie et des transports.

Autre proposition du NERV : un simple niveau de licence et une formation pédagogique pourraient à l’avenir suffire à devenir enseignant. Et des experts du monde de l’entreprise devraient être, d’après le Conseil économique, plus impliqués dans la formation des pédagogues et dans l’enseignement de manière générale.

Le NERV a déjà remis son rapport au ministre de l’Education, Josef Dobeš, qui ne trouve rien à y redire, tout en concédant qu’il n’allait pas soumettre la proposition concernant la langue de Shakespeare au gouvernement, qui a selon lui d’autres chantiers plus prioritaires.