L’ancien Premier ministre Jiří Paroubek va fonder son propre parti

Jiří Paroubek

Ancien Premier ministre et ancien président du parti social-démocrate (ČSSD), Jiří Paroubek a reconnu, mercredi, pour la première fois qu’il travaillait bien à la création de son propre parti. En retrait sur la scène politique depuis sa défaite aux dernières élections législatives en mai 2010, Jiří Paroubek, actuellement député, entend ainsi prendre ses distances avec une social-démocratie dont il critique la direction.

« Un nouveau parti de centre-gauche avec une politique de principes et convaincante proposant une alternative qui contraigne la social-démocratie à ne pas trop virer à droite » : résumée en une phrase sur son site Internet, telle est l’ambition de Jiří Paroubek. Tout laisse désormais à penser que celui-ci quittera bien prochainement un parti dont il est une des figures de proue depuis son arrivée à la tête du gouvernement au printemps 2005 suite au scandale immobilier qui avait alors contraint le jeune Stanislav Gross à démissionner.

Malgré une première défaite aux législatives en 2006 dont il ne pouvait alors cependant pas encore être tenu responsable, Jiří Paroubek est ensuite resté l’incontestable leader de la social-démocratie jusqu’aux dernières élections, en mai 2010. Celles-ci s’étant soldées par une victoire insuffisante de la principale formation de gauche du pays pour pouvoir former un gouvernement, le chef de file du ČSSD avait rendu son tablier, laissant la voie libre à son successeur, Bohuslav Sobotka. Mais avant cela, durant ces quatre années à sa tête, Jiří Paroubek a dirigé la social-démocratie d’une main de fer, et c’est précisément ce style autoritaire que beaucoup lui ont reproché, tant au sein de son parti que parmi l’électorat. C’est ce qu’a également expliqué à la Télévision tchèque Alexandr Mitrofanov, commentateur du quotidien Právo, journal de gauche très proche de la social-démocratie :

« Après une mauvaise période pour la social-démocratie suite aux affaires qui ont conduit Stanislav Gross à démissionner de ses fonctions de chef du gouvernement, Jiří Paroubek a su de façon très intelligente renouer à son arrivée avec le style de Miloš Zeman. A l’époque, en mai 2006, la rhétorique triviale et l’emprise de Miloš Zeman, ancien leader du parti et ancien Premier ministre, étaient encore dans toutes les mémoires. Ce style arrogant à la Zeman a beaucoup aidé Jiří Paroubek à ses débuts. Mais sa véritable personnalité, qui est apparue progressivement, a ensuite plutôt causé du tort à la social-démocratie. Je pense que lors des dernières élections, c’est à cause de Jiří Paroubek que pour un grand nombre d’électeurs, la social-démocratie est devenue un parti inéligible. »

Depuis, la social-démocratie est devenue le principal parti d’opposition au Parlement. Jiří Paroubek considère cependant que cette opposition de gauche ne se fait pas assez entendre et n’est pas assez virulente dans sa critique de la politique menée par la coalition gouvernementale, elle, nettement de droite. Déçu donc, mais sans doute également frustré par son rôle de simple député sans réel pouvoir d’influence sur la politique menée par la social-démocratie, l’ancien Premier ministre entre 2005 et 2006 entend donc fonder son propre parti afin de relancer sa carrière et de retrouver un second souffle. Reste que s’il a confirmé l’information, Jiří Paroubek, auquel beaucoup reprochent aussi sa soif de pouvoir, a été très avare en précisions, tant sur le programme que sur le nom de cette nouvelle formation ou encore l’identité de ses collaborateurs. Il s’est contenté d’indiquer que les préparatifs seraient achevés au plus tard cet automne, moment choisi pour présenter son nouveau parti au public.