L’allocation de soins aux personnes handicapées, pomme de discorde

Photo: Commission européenne

Le Conseil national des personnes handicapées ne décolère pas : le budget de l’Etat 2016 ne prendrait pas en compte la promesse d’une augmentation de l’aide aux soins accordée aux personnes handicapées mais aussi aux seniors. Du côté du gouvernement, ministère des Finances et ministère du Travail et des Affaires sociales se renvoient la balle.

Photo: Commission européenne
L’allocation de soins destinée aux personnes handicapées ou aux seniors souffrant eux-mêmes de problèmes de santé divers, a été introduite en 2007. Grâce à cette allocation, les personnes concernées peuvent par exemple avoir accès à des soins particuliers : elle permet de financer un service de soins à domicile, ou bien encore une aide de vie pour faire le ménage ou les courses. 330 000 personnes bénéficiaient de cette allocation à la fin de l’année dernière, la somme attribuée variant en fonction de la gravité du handicap : de 800 à 12 000 couronnes pour les adultes, et de 3 000 à 12 000 couronnes pour les enfants.

En juillet dernier, les discussions entre le gouvernement et le Conseil national des personnes handicapées avaient abouti à une promesse d’augmentation de cette allocation qui n’a pas bougé depuis son introduction il y a huit ans. Or le budget approuvé par le gouvernement aurait fait l’impasse sur cette hausse. Václav Krása est le président du Conseil national des personnes handicapées :

Václav Krása,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Nous comptions sur 10% d’augmentation de l’allocation et nous insistons sur la nécessité de cette hausse au 1er juillet 2016, comme prévu. Les tarifs des services de soins ont augmenté de 53% depuis 2007. Or l’allocation n’a pas bougé d’un iota. Prenez le cas d’une mère qui s’occupe durant toute sa vie de son enfant handicapé : sa seule source de revenus est cette allocation alors qu’elle a à sa charge des soins 24h sur 24h. A cause de cela, elle bénéficiera en outre d’une retraite bien plus faible. Ces familles sont dans une situation telle qu’ils sont financièrement au fond du gouffre. »

Devant cette volte-face imprévue du gouvernement, le Conseil national des personnes handicapées a annoncé qu’il était prêt à sortir dans la rue pour défendre ses positions. Vaclav Krása :

« Si nous n’obtenons pas durant les débats du Parlement sur le budget la promesse formelle, d’une augmentation de l’allocation comme prévu à l’origine, nous prévoyons de manifester pour défendre nos droits. »

Michaela Marksová,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Du côté des ministères concernés, il semblerait qu’il y ait un léger problème de coordination, et de communication. Michaela Marksová, ministre du Travail et des Affaires sociales affirme qu’elle va se battre pour que cette augmentation ait bien lieu, quitte à aller puiser dans les réserves de son budget, tout en réfutant toute responsabilité de son côté :

« Si le Conseil national des personnes handicapées veut aller manifester, qu’il le fasse, mais qu’il aille protester devant le ministère des Finances. »

Or au ministère des Finances, on ne l’entend pas de cette oreille. Pour Andrej Babiš, la chose est claire : si l’argent destiné à l’allocation fait défaut dans le budget, c’est parce que sa collègue ne l’a pas négociée :

Andrej Babiš,  photo: ČTK
« Nous sommes tout-à-fait prêts à augmenter l’allocation de 10%, soit un total de 2 milliards de couronnes, en répartissant cette hausse en deux fois, en 2016 et en 2017. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi la ministre du Travail et des Affaires sociales ne l’a pas défendu lors des négociations budgétaires. »

La balle est donc désormais dans le camp du chef du gouvernement Bohuslav Sobotka, et des autres leaders des partis de la coalition gouvernementale. C’est à eux que le Conseil national des personnes handicapées fait appel pour retourner à la table des négociations et trouver une issue à cette impasse.