L’Allemagne souhaite acheter les locaux de son ambassade à Prague

Hans Dietrich Genscher s’est présenté au balcon de l’ambassade pragoise de la RFA, 30 septembre 1989, photo: CTK

Il y a tout juste 20 ans, l’ambassade d’Allemagne à Prague était au cœur d’événements mouvementés qui conduiront à la chute du mur de Berlin et à la réunification de l’Allemagne. Aujourd’hui la République fédérale souhaite en racheter les locaux à Prague. La diplomatie tchèque confirme être en cours de négociations avec le ministère des Affaires étrangères allemand.

Hans Dietrich Genscher s’est présenté au balcon de l’ambassade pragoise de la RFA,  30 septembre 1989,  photo: CTK
La voix qui se perd dans le bruit assourdissant de la foule est celle de Hans Dietrich Genscher, ancien ministre ouest-allemand des Affaires étrangères. C’est lui qui, le 30 septembre 1989, s’est présenté au balcon de l’ambassade pragoise de la RFA pour annoncer aux milliers d’Est-allemands réfugiés dans son enceinte qu’ils pouvaient rejoindre l’Allemagne de l’Ouest. Grâce à ce mouvement de masse, le mur de Berlin est tombé quelques semaines plus tard, le 9 novembre 1989.

« Le bâtiment a pris valeur de symbole et fait partie de l’histoire allemande, » affirme le ministère des Affaires étrangères de Berlin en parlant des motifs de ce désir d’acquérir les locaux de sa représentation diplomatique à Prague. La première tentative, qui date du milieu des années 1990, n’avait pas abouti. C’est ce que rappelle le porte-parole du ministère Jens Plötner :

« L’idée de transférer à la partie allemande le bâtiment historique a vu le jour au milieu des années 1990. Depuis lors, nous sommes en négociations intensives avec les autorités tchèques et nous avons convenu avec le ministère des Affaires étrangères à Prague qu’un expert indépendant sera chargé d’évaluer la valeur du palais. »

Le palais Lobkowicz
Le palais Lobkowicz occupé par l’ambassade allemande est l’un des plus beaux palais baroques à Prague, édifié en 1704 sur les plans de l’architecte Alliprandi. Il se trouve dans le quartier de Malá Strana, au pied du château. En monnaie d’échange, la partie allemande propose l’ancien siège de l’ambassade américaine dans le centre de Berlin, construit vers 1890 pour l’armée et la marine. Interrogé à ce sujet par Radio Prague, le porte-parole du ministère tchèque des Affaires étrangères Milan Řepka a tenu à souligner que rien n’était encore décidé:

« Il est important de dire qu’aucun accord n’a été passé, et que des négociations entre des experts des deux ministères sont toujours en cours. Leur objectif est d’étudier le projet de la partie allemande au regard notamment de ses avantages pour la République tchèque. »

La question que pose, dans ce contexte, la représentation diplomatique tchèque à Berlin, est celle de savoir ce que deviendrait, après l’éventuel échange, le siège de l’ancienne représentation de la République socialiste tchécoslovaque à Berlin : un bâtiment en béton empreint du brutalisme des années 1970, érigé près du Checkpoint Charlie, ancien point de passage séparant les zones Est et Ouest de Berlin. Le bâtiment, laissé à l’abandon, est aujourd’hui très prisé par les photographes et les cinéastes.

Le ministère allemand pense que la transaction aboutira. Selon l’agence DPA, les chances que l’ambassade fête dans ses propres locaux le 25e anniversaire du discours historique de Hans Dietrich Genscher, annonçant aux fugitifs Est-allemands l’ouverture de la frontière, sont élevées...