L’affaire du ministre de l’Environnement Pavel Drobil ébranle le gouvernement

Photo: CTK

Le ministre de l’Environnement Pavel Drobil a donné sa démission. Il a été balayé par une affaire révélée à la presse par l’ancien président du Fonds national pour l’Environnement de son ministère, Libor Michálek. L’affaire rendue publique par le journal Mladá fronta Dnes éclabousse le ministre, deux fonctionnaires du ministère de l’Environnement et pourrait même toucher le Premier ministre Petr Nečas. L’opposition a déjà déposé une motion de censure à la Chambre des députés.

Pavel Drobil et Petr Nečas,  photo: CTK
Le ministre Pavel Drobil nie catégoriquement être impliqué dans cette affaire. Le journal Mladá fronta Dnes a cependant publié des transcriptions des enregistrements réalisés par le président du Fonds national pour l’Environnement, Libor Michálek. Ces documents démontrent que le conseiller du ministre Martin Knetig et le vice-président du Fonds national pour l’environnement Dušan Fibingr auraient tenté de convaincre Libor Michálek de manipuler certains appels d’offres pour assurer le financement du Parti civique démocrate (ODS) ainsi que celui de la carrière politique du ministre Drobil. Selon Libor Michálek, il s’agirait d’une commande pour la construction d’une gigantesque station d’épuration à Prague, commande dont le montant aurait été surévalué de 3 milliards de couronnes (quelque 120 millions d’euros). 500 millions de couronnes de cette somme auraient du être partagés entre deux fractions de l’ODS. Ces révélations ont évidement déclanché un tollé sur la scène politique et le ministre Pavel Drobil a été contraint de démissionner :

Martin Knetig,  photo: Regatta
« J’étais prêt à accepter toutes les solutions. Finalement nous avons décidé en accord avec le Premier ministre et mes proches collaborateurs que je garderais mon mandat de député et le poste de vice-président du Parti civique démocrate. J’ai donné ma démission et le Premier ministre doit maintenant transmettre mon abdication au président de la République. »

Malgré les informations publiées par la presse, le Premier ministre continue à soutenir Drobil et dénonce ce qu’il appelle une « hystérisation » de l’affaire. Petr Nečas :

« Une fois que monsieur Pavel Drobil aura réfuté toutes les accusations médiatiques, moi, en tant que Premier ministre, je compterai sur lui. Je souligne en ce moment que l’instruction de cette affaire doit être systématique, détaillée et qu’elle doit respecter absolument le principe d’impartialité. Si quelqu’un a transgressé la loi, il doit être inculpé, jugé et puni. »

Libor Michálek
Toujours est-t-il que, selon Libor Michálek, le Premier ministre a été mis au courant de l’affaire dès le 13 octobre et s’est limité à conseiller au président du Fonds national pour l’environnement de s’adresser à la police. Cette passivité est très critiquée par l’opposition. Le Parti social-démocrate (ČSSD) a déposé une motion de censure. Les députés devraient s’exprimer mardi prochain. Cependant, d’après Radim Bureš, de l’organisation Transparency International, il faudrait plutôt prendre d’autres mesures :

« Au lieu du vote de confiance, il serait mieux d’adopter une loi sur la fonction publique. Cette loi empêcherait que se reproduise la situation où, après l’arrivée du nouveau ministre, comme c’était le cas de M. Drobil, la direction du Fonds national pour l’environnement a été complètement modifiée. Il devrait y avoir des fonctionnaires de qualité capables d’assurer une exploitation efficiente des moyens publics et non pas des personnes nommées par des partis politiques. »

Radim Bureš
Le parti Affaires Publiques (VV), une des trois formations de la coalition dirigée par Petr Nečas, a déjà demandé la convocation d’une réunion des partis représentés au gouvernement pour parler des perspectives de celui-ci. La réunion aura lieu ce vendredi.