L’adoption du Pacte budgétaire européen conditionnée à celle de l’euro lors d’un référendum

Miroslav Kalousek et Petr Nečas, photo: CTK

Le gouvernement ne s’est toujours pas prononcé sur la position que la République tchèque adoptera concernant le Pacte budgétaire européen. Signera-t-elle ou ne signera-t-elle pas le nouveau traité européen qui doit aider la zone euro à sortir de la crise de la dette ? Un peu plus d’un mois après le sommet européen, la question reste posée. En attendant, la tendance semble être à l’organisation d’un référendum. Malgré l’opposition du parti pro-européen TOP 09, l’une des trois formations de la coalition, le Premier ministre, Petr Nečas, a confirmé, mercredi, qu’il souhaitait que le rattachement de la République tchèque soit soumis à la volonté de la population.

Miroslav Kalousek et Petr Nečas,  photo: CTK
Le chef du gouvernement entend toutefois que la question relative au pacte budgétaire soit posée indirectement, et ce lors d’un référendum qui serait organisé pour déterminer si la République tchèque doit intégrer ou non la zone euro :

« Nous sommes convaincus que voter uniquement sur ce pacte n’a pas de sens et que l’intégrer à un référendum concernant la monnaie européenne serait plus clair. La question posée aux Tchèques serait très simple : à l’avenir, êtes-vous pour ou contre l’adoption de l’euro ? La campagne d’information précédant la tenue du référendum expliquerait alors, entre autres, qu’intégrer la zone euro signifierait également signer toute une série d’accords intergouvernementaux ou internationaux. »

A la différence des pays de la zone euro, la République tchèque peut se permettre de rejoindre le traité quand elle le souhaite. Aucune date n’a donc été pour l’heure évoquée concernant la tenue de cet éventuel référendum. Mais son organisation pourrait aussi dépendre de l’entente au sein du gouvernement, le partenaire de coalition pro-européen TOP 09 n’y est pas favorable. Le vice-président de TOP 09 et ministre des Finances, Miroslav Kalousek, a justifié la position de son parti :

100 Euro
« Nous pensons d’abord que nous ne sommes tenus à rien par l’accord de coalition passé avec les deux autres partis du gouvernement. Nous avons le droit de ne pas être d’accord. La deuxième raison est la continuité de la politique étrangère de la République tchèque. Dans un passé récent, la République tchèque a adopté le Traité de Lisbonne et les dirigeants politiques de l’époque avaient alors refusé d’organiser un référendum. Enfin, la troisième raison est que nous sommes d'accord avec le président de la République : nous pensons que ce pacte est un dossier tellement complexe qu’il n’est pas possible de formuler une question simple, claire et univoque. »

TOP 09 n’est pas la seule formation politique contre la tenue d’un référendum. Le parti social-démocrate, principale force de l’opposition, estime que l’organisation d’un référendum serait une manière pour le gouvernement de se défausser de ses responsabilités, comme le reproche Lubomír Zaorálek, vice-président de la social-démocratie :

Lubomír Zaorálek
« Organiser un référendum est un alibi pour les membres du gouvernement qui ne veulent pas prendre de décision. Dans le cas de Petr Nečas, il est également évident qu’il a peur d’entrer en conflit avec le président Klaus. Pour moi, il s’agit donc d’un abus de l’instrument qu’est le référendum. C’est pourquoi nous sommes favorables à l’adoption d’une loi-cadre dans laquelle les règles pour organiser un référendum seraient clairement définies et souhaitons donner la possibilité aux Tchèques de décider si cela les intéresse ou pas. »

Ouvertement opposé au projet d’union budgétaire et farouche critique de l’euro, le président de la République, Václav Klaus, a fait savoir qu’il ne signera sous aucune condition le pacte fiscal. Une position dont beaucoup pensent qu’elle influence les décisions du Premier ministre, Petr Nečas, proche du chef de l’Etat.