La Tchéquie renoue de plus en plus avec sa diaspora

Photo illustrative: geralt / Pixabay, CC0

Le Sénat tchèque accueillait jeudi une conférence dédiée aux communautés tchèques établies à l’étranger. Cette conférence était organisée par l’Ecole tchèque sans frontières, une association qui propose aux enfants bilingues un enseignement du tchèque dans une centaine de villes du monde entier. Il s’agissait de la 2e édition de cette conférence, qui vise à débattre des problèmes auxquels sont confrontés les Tchèques de l’étranger, dont beaucoup s’estiment peu soutenus par le gouvernement. Présidente de l’Ecole tchèque sans frontières, Lucie Slavíková-Boucher confie au micro de Radio Prague son point de vue sur l’évolution de cette diaspora.

Lucie Slavíková-Boucher,  photo: Milena Štráfeldová
Un après la dernière conférence sur la situation des Tchèques de l’étranger, organisée à Prague, voyez-vous une évolution dans le comportement de la diaspora tchèque, et la façon dont elle est traitée par les institutions tchèques ?

« Je dirais que le plus grand pas qui a été fait dans le courant de l’année 2016-2017 a été la création de la Commission interministérielle pour les Tchèques de l’étranger, qui est un groupement émanant du gouvernement et dont l’objectif et de travailler avec la diaspora. Il s’agit de discuter de ce qui est possible et nécessaire pour la diaspora, et travailler ces questions ici en République tchèque. Cela est très important, mais c’est un début. Il faudrait maintenant établir la question de la situation des Tchèques à l’étranger, c’est-à-dire expliciter officiellement dans un document que ce sont des Tchèques à part entière, et qu’il faudrait travailler avec eux en tant que tels. C’est un pas suivant, encore non-franchit ».

Avez-vous le sentiment que la diaspora tchèque se comporte vraiment comme une communauté maintenant que l’on s’intéresse réellement à elle, ou sont-ils encore un peu esseulés ? Font-ils le pas vers ses nouvelles institutions ?

Le Sénat tchèque accueillait une conférence dédiée aux communautés tchèques établies à l'étranger,  photo: Site officiel du Sénat tchèque
« Pour l’instant, c’est difficile à dire, ils n’en ont pas eu l’occasion ! Jusqu’à présents ils ont pu profiter de la proposition que nous avons faite en tant qu’Ecole tchèque sans frontières : nous avons collecté les suggestions et les questions qui peuvent survenir à l’étranger. Les gens ont pas mal profité de cette occasion et se sont vraiment exprimés via un questionnaire électronique, je pense qu’il va falloir travailler eux, c’est un début. »

Toutes les communautés font-elles face aux mêmes difficultés ? Ou certaines communautés sont-elles « mieux loties » que d’autres ? Le cas des tchèques d’Autriche et de Suisse ont beaucoup été évoqué lors de la conférence…

« Je pense que cela dépend de l’évolution historique de ces communautés. Je dois dire que je ne connais pas très bien les communautés établies à l’Est de nos frontières, dont les problèmes et les questionnements sont totalement différents de celles de l’Ouest : ce sont des pays slaves, les langues se ressemblent, historiquement il n’y a pas là-bas le rapport minoritaire des langues slaves aux langues majoritaires. Vers l’Ouest, les communautés se ressemblent. Mais concernant l’Autriche et la Suisse, et bien ces deux pays ont peut-être plus de Tchèques qui sont restés effectivement très organisés, notamment pour des raisons de proximité avec la Tchéquie. Je ne pense donc pas qu’il y a vraiment de communautés avantagées, tout le monde est à peu près pareil. C’est surtout que les questions et les problèmes auxquels se confrontent les Tchèques de l’étranger ne sont pas parfois pas les mêmes. »

Photo illustrative: geralt / Pixabay,  CC0
Rendez-vous l’année prochaine pour faire le point sur le cas de la communauté tchèque peut-être ?

« Peut-être ! Je dois dire que cette conférence a été organisée par deux personnes et demie (rires) ! Bien sûr nous recevons de l’aide du Sénat par rapport aux locaux et à la communication, mais le programme a été entièrement réalisé par l’Ecole tchèque sans frontières, et c’est vrai que c’est beaucoup de travail, donc nous verrons s’il y a encore de l’énergie pour l’année prochaine ! »

En outre, la conférence accueillait des représentants de la communauté française expatriée à Prague qui ont pu comparer la situation des deux diasporas. Le directeur de l’Institut français Luc Lévy a ainsi dressé un portrait élogieux du système des lycées français à l’étranger (celui de Prague accueille ainsi 39% d’élèves tchèques), et Clarisse Levasseur, chef de la section consulaire de l’ambassade de France à Prague, a décrit le comportement des institutions françaises vis-à-vis de leurs expatriés, et évoqué le cas des Français de Prague. On l’écoute :

Clarisse Levasseur et Luc Lévy,  photo: Site officiel du Sénat tchèque
« La diaspora tchèque est d’avantage encadrée par des associations que par des institutions. Il me semble que l’administration française est plus à même de dénombrer la communauté française expatriée, étant donné que nous avons mis en place le Registre des français établis hors de France qui leur permet de s’immatriculer, ce qui nous permet à nous de les connaître plus précisément. A Prague, la communauté française est bien intégrée. De plus en plus de Français apprennent le tchèque, il y a de plus en plus d’étudiants français qui viennent en Erasmus. Enfin, toujours plus de Français viennent s’installer à Prague pour travailler, et ne reviennent finalement pas en France, ils préfèrent restent ici pour devenir, souvent, autoentrepreneurs. Finalement, les Français disent qu’ils se sentent bien intégrés et qu’ils ont une bonne qualité de vie à Prague et qu’ils envisagent de rester. »