La Tchéquie à la pointe en matière de transplantations

8 763 greffes d'organes effectuées à la date du 31 décembre 2005. Tel est le bilan, dont peut se targuer la médecine des transplantations en République tchèque. Son histoire a commencé à s'écrire, il y a quarante ans. Alena Gebertova.

Plus de la moitié des greffes sont à mettre au compte de l'Institut de la médecine clinique et expérimentale, IKEM, à Prague. C'est dans cet établissement qu'une première greffe « réussie » a été réalisée, en 1966. Le professeur Vladimir Kocandrle qui est le précurseur des tranplantations en République tchèque et qui avait acquis ses premières expériences aux Etats-Unis, s'en souvient :

« Le rein greffé a fonctionné bien et longtemps. C'était la deuxième greffe réalisée à l'échelle de l'Europe de l'Est, la première ayant été effectuée trois mois plus tôt, à Moscou, par le pofesseur Petrovski. Là-bas, pourtant, le programme des transplantations ne s'est plus vraiment développé, tandis que chez nous, il allait évoluer avec un grand succès ».

C'est toujours à IKEM que, six ans plus tard, une jeune femme de 23 ans a subi la même intervention. Dana Sulcova :

« C'est un moment que je n'oublierai jamais. J'étais à la maternelle où j'enseignais, lorsqu'une ambulance est venue me chercher. J'ai été bien surprise que l'on ait pu si vite trouver un rein pour moi, car j'avais un groupe sanguin rare. Je sais que je n'avais pas peur. J'étais jeune et j'avais follement envie de vivre. Je n'ai pas accepté l'idée que cela puisse tourner mal. »

Au bout d'un an, Dana Sulcova a recommencé à travailler et, quelques années plus tard, a accouché d'une fille. Aujourd'hui, elle est la personne qui possède un organe greffé depuis le plus longtemps, en République tchèque, soit 34 ans.

« La greffe m'a permis de mener une vie tout à fait normale. Je n'ai jamais eu à suivre un régime ou à connaître des restrictions dans mes activités. »

Le coeur, le foie, le pomoun, le pancréas. Voilà les organes qui sont transplantés à IKEM, l'attention étant dorénavant tournée, aussi, vers l'intestin grêle. En ce qui concerne le nombre de greffes du pancréas, on notera que la Tchéquie détient le record mondial par rapport au nombre d'habitants, avec 300 interventions effectuées à ce jour. Sous le communisme, faute d'organes disponibles notamment, les règles ont été strictes : seules les personnes de moins de 50 ans, avaient le droit d'être inscrites sur la liste des « personnes en attente ». Comment se présente la situation, aujourd'hui ? Stefan Vitko, directeur de IKEM et président du Transplantcentre, explique :

« En fait, la limite d'âge pour les transplantations n'existe plus, car l'âge ne joue pas un très grand rôle. Ce qui compte, c'est l'état de santé, la capacité de subir une pareille intervention et la perspective de vie d'une personne avec un un nouvel organe. »

L'année dernière, douze patients de plus de 70 ans, ont subi une greffe du rein. Un chiffre qui illustre parfaitement cette approche.