La samba se dansera sans les Tchèques

Photo: CTK

Ils y ont cru. Ils y ont cru pendant un peu moins d’une heure, mais il n’y a finalement pas eu de surprise. Malgré un but d’avance jusqu’à la 51e minute, l’équipe de République tchèque de football s’est finalement logiquement inclinée en Italie (1-2), mardi soir à Turin, dans le cadre des éliminatoires pour la Coupe du monde 2014. Après cette défaite, c’est une quasi-certitude : à la différence de la Squadra Azzura, qui a elle assurée sa qualification directe, la Reprezentace sera absente de la grande fête brésilienne l’été prochain. Conséquence : le sélectionneur Michal Bílek a annoncé qu’il démissionnerait prochainement.

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Jusqu’à l’égalisation italienne par le stoppeur Chiellini sur corner, suite à une sortie dans le vide de Petr Čech, le déroulement de cet Italie – République tchèque a étrangement ressemblé à celui du match République tchèque – Arménie de vendredi dernier. Bien qu’outrageusement dominés par leur hôte du jour dès le coup d’envoi, ce sont pourtant les Tchèques, comme les Arméniens à Prague quatre jours plus tôt, qui ont ouvert le score sur leur première incursion sérieuse dans le camp adverse. Trois joueurs, trois touches de balle, une passe en profondeur de Rosický dans le dos de la défense italienne, un centre millimétré en première intention de Jiráček et une reprise à bout portant en taclant de Kozák, et voilà les hommes de Michal Bílek, qui passaient devant au tableau d’affichage après un contre rondement mené sur soixante mètres. A voir leur célébration très retenue de ce but, les joueurs tchèques eux-mêmes semblaient avoir du mal à croire à ce qui était en train de se passer. Et dans le temps additionnel, suite à une nouvelle contre d’attaque à montrer dans toutes les écoles de foot, ils étaient même à deux doigts de rejoindre les vestiaires avec un avantage de deux buts. Malheureusement, la frappe de Libor Kozák passait de quelques centimètres à côté de la cage d’un Buffon à genoux et pris à contre-pied.

La Squadra,  photo: CTK
Précisons tout de suite qu’un tel scénario, rêvé pour les Tchèques, aurait été bien cruel pour des Italiens nettement supérieurs dans tous les compartiments du jeu, sauf précisément dans celui de l’efficacité. Un comble pour la Squadra… Mais si Mario Balotelli a vendangé au bas mot trois buts tout faits en première période, le déficit de réalisme italien ne pouvait durer éternellement. Et en l’espace de trois minutes à peine, entre la 51e et la 54e minute, ils remettaient donc d’abord les pendules à l’heure sur un de leurs énièmes corners avant d’inscrire un deuxième but sur penalty d’un Balotelli enfin récompensé. Dès lors, c’en était fini des espoirs tchèques, comme le concédait au coup de sifflet final un Petr Čech coupable sur le premier but encaissé :

Petr Čech,  photo: CTK
« Nous sommes bien rentrés dans le match en marquant le but dont nous avions besoin. Je pense que les Italiens ne s’attendaient pas à ça. Ils ont su réagir en se créant plusieurs occasions, mais à la mi-temps c’est toujours nous qui menions au score. Nous y avons cru, malheureusement, ils ont inscrit deux buts coup sur coup en début de deuxième mi-temps qui nous ont fait très mal. Après ça, les Italiens se sont contentés de gérer sans se presser et en faisant tourner la balle. Plus les minutes passaient et plus cela est devenu difficile pour nous. Et après l’expulsion de Daniel Kolář en fin de match, c’est devenu complètement impossible. »

Michal Bílek,  photo: CTK
A moins d’un pèlerinage collectif à Lourdes dans les semaines à venir, les Tchèques sont donc éliminés à 99,9 % de la course à la Coupe du monde. Comme souvent dans ce genre de situation, l’entraîneur est le premier responsable et aussi le premier à faire les frais de la vindicte populaire. Une réalité dont est bien conscient le sélectionneur Michal Bílek, qui n’a pas tardé à annoncer ce qu’une majorité de supporters tchèques attendaient pratiquement depuis son entrée en fonction il y a quatre ans de cela :

« J’avais déjà dit dans le passé que je resterais à la tête de l’équipe tant qu’elle aurait une chance théorique de se qualifier pour la Coupe du monde. Avant le match, tout le monde savait qu’en cas de résultat négatif, je présenterais ma démission. Théoriquement, nous avons encore une toute petite chance, mais elle n’est vraiment plus que théorique. Selon moi, c’est définitivement fini. Avant le match contre l’Arménie, j’avais dit qu’il nous fallait gagner au moins un des deux matchs à venir. Or, nous avons perdu les deux. »

Miroslav Pelta,  photo: CTK
Et la décision de Michal Bílek a été accueillie sans émotion palpable par le président de la fédération tchèque, Miroslav Pelta :

« J’accepte sa démission. Nous confierons très probablement la direction de l’équipe à un des deux assistants actuels pour les deux derniers matchs de groupe. Nous voulons bien finir ces éliminatoires, tout en sachant que nous allons nous efforcer de trouver un nouveau sélectionneur le plus vite possible. Celui-ci sera chargé de préparer l’équipe en vue des éliminatoires pour le prochain championnat d’Europe en France. »

En attendant le début dans un an des éliminatoires pour cet Euro 2016, c’est une nouvelle fois devant leur télé, comme en 2010 déjà, que les footballeurs tchèques vivront la prochaine Coupe du monde.