La révocation du directeur du Théâtre national soulève une vague d’indignation

Ondřej Černý, photo: CTK

Coup de tonnerre au Théâtre national : vendredi, le ministère de la Culture a annoncé la révocation de son directeur, Ondřej Černý, sept mois avant la fin effective de son mandat. Argument avancé par le ministère : la lenteur du processus de fusion entre le Théâtre national et l’Opéra d’Etat. Au Théâtre national, c’est l’incompréhension en ce début de saison.

Ondřej Černý,  photo: CTK
La nouvelle est tombée vendredi dans la journée : alors même que ne fait que commencer la nouvelle saison du Théâtre national, ses membres se retrouvent sans directeur. Réaction immédiate du principal intéressé, Ondřej Černý, dès l’annonce de son limogeage par la ministre de la Culture Alena Hanáková :

« J’estime que ma révocation est un cas sans précédent, et qu’elle n’est que le reflet de l’arrogance du pouvoir. Je ne cache pas que je suis désolé d’être ainsi révoqué sept mois avant la fin officielle de mon mandat. Mais le plus grave est de savoir les conséquences que cette décision va avoir sur le fonctionnement du Théâtre national, sur son prestige et son travail artistique. »

Le désormais ancien directeur du Théâtre national n’a pas de mots assez forts pour commenter sa révocation, laquelle a pris de court l’ensemble de cette institution hautement symbolique de la capitale et du pays tout entier.

Alena Hanáková et Petr Fiala,  photo: CTK
Les raisons invoquées par le ministère de la Culture restent assez floues, même si celui-ci avance comme argument la stagnation du processus de fusion entre le Théâtre national et l’Opéra d’Etat entamé le 1er janvier de cette année. Une fusion censée permettre aux deux institutions de réaliser des économies, mais qui avait suscité la colère des employés, notamment ceux de l’Opéra d’Etat. Alena Hanáková, ministre de la Culture :

« Je ne veux pas dire ce que M. Ondřej Černý a mal fait. Je peux seulement dire qu’au vu du résultat de l’audit effectué au sein du Théâtre national, nous avons constaté qu’il y avait une mauvaise gestion des processus de décision, que la situation économique de l’institution n’allait pas dans la bonne direction. Voilà ce qui a motivé notre décision. »

Ondřej Černý, lui, rejette la faute sur le ministère et sur l’adjoint à la ministre, Martin Sankot, qui a d’ailleurs été nommé pour le remplacer temporairement avant la nomination d’un nouveau directeur :

« Tous les arguments avancés par le ministère sont des succédanés. Si quelqu’un a ralenti le processus de transformation du Théâtre national, c’est M. Martin Sankot, à la mi-mai, lorsqu’il m’a dit de stopper la fusion, parce qu’il voulait réévaluer tout le processus. J’estime qu’aucune des raisons présentées par le ministère n’est acceptable. »

Une lettre ouverte au ministère et une pétition ont été lancées en signe de protestation,  photo: CTK
Du côté des employés du Théâtre national, on fait bloc derrière l’ancien directeur. Une lettre ouverte au ministère et une pétition ont été lancées en signe de protestation. Petr Zuska, directeur artistique des ballets au Théâtre national :

« Démettre ainsi de ses fonctions le directeur d’une institution telle que le Théâtre national, alors que débute la nouvelle saison, est absolument contre-productif. »

En février, le ministère de la Culture avait lancé un appel à candidatures pour son successeur auquel Ondřej Černý avait participé. Le jour de la date-limite du dépôt des candidatures, le ministère avait annulé l'appel et n'en a pas relancé de nouveau depuis, annonçant plus tard que le nouveau directeur serait plutôt choisi par une commission d'experts. Mais aucune commission n'a pour l'heure été rassemblée. Alors que le Théâtre national se retrouve avec un directeur de transition, la ministre de la Culture a déclaré qu’une procédure de sélection non-publique allait avoir lieu pour donner à la première scène de République tchèque un nouveau directeur pour le mois d’avril.