La République tchèque étouffe sous le smog

Prague, photo: CTK

L’air devient de plus en plus irrespirable dans certaines régions de la République tchèque. Le phénomène d’inversion, qui forme une sorte de couvercle maintenant la pollution à très faible altitude, dure depuis plusieurs jours. Une véritable purée de pois nocive pour la santé. Les enfants, les personnes âgées ou malades ont comme consigne de limiter leurs sorties.

Prague,  photo: CTK
Sur un pont au-dessus de l’artère principale qui traverse Prague: l’association Assistance (Asistence) a décidé de suspendre une banderole sur laquelle sont inscrits les mots « Les voitures étouffent Prague ». A cause du smog, la visibilité, à 11h du matin, est très réduite. En ce mois de novembre la situation est dramatique d’après Erik Čipera, qui milite dans cette association :

« C’est dingue, j’ai jeté un coup d’œil sur la carte de la pollution dans le pays, la semaine dernière c’était au rouge, les limites étaient déjà dépassées, mais ce matin c’était déjà la couleur grise, qui signifie qu’il y a dans l’atmosphère deux fois plus de particules polluantes que la limite autorisée. Et la ville ne fait rien. Aucun appel aux automobilistes pour ne pas qu’ils prennent leur voiture. C’est notre air à tous et nous attendons davantage de la ville dans laquelle nous voulons vivre. »

Ostrava,  photo: CTK
Des appels pour ne pas prendre la voiture en cette période de forte pollution, il y en a quand même eu dans plusieurs villes, comme à Pardubice. Car en ce mois de novembre, c’est l’ensemble du pays qui a été touché. Et comme d’habitude c’est la Moravie, la région très industrialisée de l’est de la République tchèque, qui est la plus polluée. Petr Kajnar, le maire de la ville morave d’Ostrava, tente de faire bouger le gouvernement en portant l’affaire en justice :

Petr Kajnar
« Il faut que les limites soient plus sévères, et il est important de permettre aux groupes industriels de moderniser leur technologie en les aidant fiscalement ou avec des aides européennes pour ne pas qu’ils soient pénalisés par la concurrence de la Pologne voisine. En ce qui concerne la circulation, en temps de smog il est important de la limiter, la loi actuelle n’est pas satisfaisante et doit être revue. Et puis il faudrait que d’ici 20 ans nous roulions en voiture électrique. Si nous continuons avec des véhicules à moteur à explosion on n’en sortira jamais. »

« Cette année la situation est assez exceptionnelle parce que le phénomène d’inversion est plus long que d’habitude », explique le météorologue Petr Dvořák. La couche d’inversion bloque toutes les particules polluantes, issues notamment des cheminées et des pots d’échappement, qui stagnent et forment un épais brouillard, nocif pour la santé. Radim Šrám dirige le département d’écotoxicologie génétique de l’académie tchèque des sciences :

« C’est un problème grave parce que la population est touchée à long-terme par ce phénomène d’inversion. Les séquelles peuvent rester pendant des dizaines d’années et s’inscrivent dans l’ADN, avec différentes maladies qui peuvent durer longtemps après avoir respiré cet air pollué. C’est la raison pour laquelle je pense que c’est un problème terriblement grave dont le gouvernement devrait s’occuper. »

Le gouvernement tchèque, sous pression, tente de trouver des solutions. Un nouveau projet de loi permettant de limiter les émissions polluantes vient d’être présenté aux députés.